Nomination de Mark Sherringham à la présidence du CSP. Lettre au ministre par la voie hiérarchique.

En nommant M. Sherringham à la tête du CSP, le ministre affiche-t-il une volonté de redéfinition radicale de la laïcité ? Étudiera-t-on à l’École « les finalités ultimes de l’humanité  » ? M. Sherringham, qui semble avoir un problème avec la laïcité, doit-il quitter l’EN, suivant l’injonction du discours du CNAM ?

A Lille, le vendredi 11 février 2022.

Monsieur le Ministre,

S/c du chef d’établissement.

Par un arrêté en date du 9 février 2022, vous avez nommé Mark Sherringham président du Conseil Supérieur des Programmes.

Monsieur Sherringham, dans une table ronde dans laquelle il intervenait en sa qualité de directeur de l’IUFM d’Alsace, affirmait ceci :

La laïcité ne sera capable d’une refondation et d’un renouvellement que si elle accepte de penser à nouveau la relation de la vérité et des religions et de considérer que la religion n’est pas seulement un problème culturel, mais bien une voie d’accès à la question des finalités ultimes de l’humanité. J’espère que notre École sera en mesure de relever ce défi sur le plan intellectuel ainsi que dans le cadre de la pratique quotidienne de la classe.

https://journals.openedition.org/ries/1453

Je voudrais soumettre à votre considération les observations et questions suivantes :

  1. La laïcité implique la neutralité de l’État en matière religieuse.
  2. Faire conférer à la religion par l’État ou par l’École le statut de voie d’accès à la vérité ou à une vérité méconnaîtrait à l’évidence cette obligation, sauf à opérer une redéfinition radicale de la notion de laïcité.
  3. Je note, à titre subsidiaire, que l’étude des finalités ultimes de l’humanité ne fait pas et ne saurait pas faire partie des programmes de l’École, dans le cadre légal en vigueur.
  4. Lors de votre discours du 19 octobre 2021 au CNAM, vous avez affirmé qu’un enseignant qui aurait un problème avec les valeurs de la République devrait quitter le métier. L’énoncé s’applique-t-il aux inspecteurs ? Monsieur Sherringham doit-il quitter l’Éducation Nationale ?
  5. La nomination du président du Conseil Supérieur des Programmes est un acte politique. La nomination de monsieur Sherringham à ce poste témoigne-t-elle d’une volonté de votre part de procéder à une redéfinition radicale de la notion de laïcité ? Avez-vous la volonté d’inclure l’étude des finalités ultimes de l’humanité dans les programmes scolaires ?

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, monsieur le ministre, à l’expression de mes salutations les meilleures.

S. Nowenstein, professeur agrégé.

Par la voie hiérarchique au ministre : la nomination de M. Sherringham et la laïcité.