Projet local d’évaluation : la Rectrice laisse sans réponse nos interrogations.

Courrier envoyé le 12 avril 2022.

Monsieur le Proviseur,
Nous vous serions gré de bien vouloir transmettre à madame la Rectrice le courrier ci-après.
Meilleures salutations,


Madame la Rectrice,

Nous souhaitons revenir sur la formation qui a eu lieu au sein de notre établissement le 10 mars portant sur le projet local d’évaluation.

Pendant cette rencontre, les IPR qui nous formaient se sont efforcés de donner réponse à nos interrogations et remarques. Parmi celles-ci certaines, dépassant sans doute le cadre de la mission confiée aux IPR, sont restées sans réponse. D’autres, nombreuses, n’ont pas pu leur être soumises en raison du peu de temps dont nous avons disposé et de l’étendue de nos interrogations.

Pour être tout à fait francs, madame la Rectrice, la lecture du Guide de l’évaluation des apprentissages et des acquis des élèves dans le cadre de la réforme du lycée général et technologique (le Guide, dans ce qui suit) nous a plongés dans une perplexité que, nous l’espérons, votre réponse permettra de dissiper.

Afin de ne pas alourdir ce courrier, nous allons nous concentrer sur un point : la tension entre, d’une part, les injonctions que nous recevons et, d’autre part, le temps et les moyens mis à notre disposition pour nous acquitter des missions nouvelles qui nous sont confiées. Nous avons l’impression pénible que l’on nous confie des missions et que l’on nous met dans l’impossibilité de les exécuter.

Nous lisons dans le Guide :

Dans le respect de la liberté pédagogique, un travail d’entente collective sur les principes et les pratiques d’évaluation au niveau d’une équipe disciplinaire ou pluridisciplinaire est indispensable pour rendre l’évaluation la plus équitable possible : il s’agit de conduire une réflexion collective et de s’accorder sur les objectifs de formation poursuivis, les objets évalués, la nature et le nombre des évaluations, le poids des évaluations (coefficients), les critères retenus, les situations diverses d’évaluation et les modalités de calcul de la moyenne qui apparaît sur les bulletins et sera donc prise en compte dans le livret scolaire, le baccalauréat et pour l’entrée dans l’enseignement supérieur le cas échéant.

Tous ces éléments doivent être explicités aux élèves et à leurs représentants légaux, sous la forme du projet d’évaluation qui présente de façon synthétique et lisible la politique d’évaluation adoptée dans l’établissement après présentation en conseil d’administration.

Les moyennes sont l’objet d’une harmonisation interne au sein de l’établissement, sous le pilotage du chef d’établissement avec l’expertise des corps d’inspection, aidée par les outils nécessaires nationaux et académiques, pour corriger les biais docimologiques inhérents à toute évaluation, dès lors qu’il s’agit des moyennes reportées dans le livret scolaire.

Les conseils d’enseignement et le conseil pédagogique sont les instances à privilégier pour établir collectivement et le valider un programme annuel des évaluations des élèves, avec l’accompagnement des inspecteurs. Le conseil d’administration permet d’une part de présenter le projet d’évaluation auprès des parents (de leurs représentants) et des élèves et d’autre part de l’inscrire dans le projet d’établissement.

Lorsque, lors de notre rencontre, nous avons remarqué que nous n’avions pas le temps d’effectuer l’ensemble de ces nouvelles missions, les IPR en ont convenu.

Nous voudrions recevoir, madame la Rectrice, des indications concrètes des modalités selon lesquelles ce travail doit être effectué. Nous aimerions également savoir si vous disposez d’estimations fournissant des indications sur le temps nécessaire à la réalisation de ces tâches. Nous remarquons que la réflexion collective que nous devons effectuer nécessite la coordination entre des dizaines de collègues pendant un nombre incalculable d’heures pour des personnels dont les travaux strictement pédagogiques occupent déjà pleinement le temps professionnel.

Madame la Rectrice, dans la compréhension que nous avons aujourd’hui des nouvelles tâches qui nous sont confiées, nous serions devant une impossibilité de faire scolaire, comparable à celle, judiciaire, qu’ont constatée les magistrats et greffiers lillois. Faudra-t-il que, comme eux, nous réduisions au strict minimum les tâches obligatoires mais non essentielles aux élèves ?

Dans l’attente de votre réponse à nos interrogations, nous vous prions de croire, madame la Rectrice, à l’expression de nos salutations syndicales.