L’abus du off en politique, le déjeuner du président. La réponse du Monde à mon courrier

Le Mercredi, Février 01, 2023 14h35 CET, « VAN KOTE, Gilles » <@lemonde.fr> a écrit:


 Cher lecteur,

Merci pour votre message. Cette affaire me semble constituer une illustration des effets pernicieux de cette pratique du « off », qui est devenue malheureusement un canal de communication courant pour le monde politique jusque dans ses plus hautes strates, comme le montrait notre article du mois dernier.

Il est possible que Françoise Fressoz ait participé à cette rencontre, car c’est une des rares façons aujourd’hui pour un ou une journaliste politique d’avoir un accès direct à la parole présidentielle. On peut légitimement regretter la généralisation de cette pratique imposée par le pouvoir exécutif (ce qui est le cas – me semble-t-il – dans l’article ci-dessus), mais faut-il pour autant se priver de ces échanges avec le premier personnage de l’Etat qui peuvent permettre de mieux comprendre son corpus et sa stratégie ? Cela poserait un problème déontologique si Françoise Fressoz se contentait ensuite de reprendre à son compte les arguments du président de la République. Ce n’est évidemment pas le cas : il suffit pour s’en rendre compte de lire ses dernières chroniques. 

Je reconnais que cette pratique n’est pas sans danger : elle donne l’impression – une fois révélée, comme c’est le cas ici – d’une collusion entre le pouvoir et les journalistes. Mais elle n’empêche en rien ceux-ci de continuer à exercer leur métier en toute indépendance et dans le respect des règles déontologiques de notre profession.

Par ailleurs, je me permets de vous signaler que la décision de la Voix du Nord ne concerne en rien la pratique du « off », mais celle de la relecture des entretiens, ce qui est un autre problème.

Sachez enfin que je suis prêt à échanger avec vos élèves et étudians sur ces sujets par le moyen qui vous semblera le plus approprié.

Bien cordialement.

Gilles van Kote, directeur délégué aux relations avec les lecteurs