Apprendre avec les podcasts de Radio Ambulante

Les podcasts de El Hilo et Radio Ambulante, sont distribués par NPR, la radio publique des États-Unis, mais réalisés par des journalistes latino-américains. Ces émissions s’adressent en priorité à un public latino-américain très large. Leur compréhension ne nécessite pas d’être initié aux particularités de la vie sociale ou politique de chacun des pays évoqués. Les émissions sont accompagnées de leur transcription littérale.

Choisissez votre podcast et rapprochez-vous de monsieur Nowenstein pour qu’il vous aide à tirer le meilleur profit de votre écoute.

Superman en Chile.

Ce podcast m’a touché singulièrement. Il mêle les émotions d’une enfance sous Pinochet et la grande Histoire. Matías Celedón l’enfant qui idolâtrait Supermann, est aujourd’hui adulte. Il revient sur cet épisode qui l’a marqué : Superman a séjourné chez lui. Alors que des acteurs, menacés de mort, étaient sommés de quitter le pays, Matthew Reeves, l’acteur qui incarnait Superman, se rendit dans le pays pour soutenir publiquement ces acteurs, ces travailleurs, ses frères. Jaime Celedón, le père de Matías, l’hébergea. On entend Ariel Dorfman, écrivain chilien banni et célèbre, qui œuvra pour convaincre Reeves. On entend Angélica Malinarich, épouse de l’écrivain, qui voyagea avec Reeves. On entend, surtout, les acteurs qui ont défié Pinochet, qui ont résisté, qui n’ont pas cédé.

Mi padre y mi papá.

Le père aimant, inventif, attentionné est mort dans un accident de voiture. C’est ce que les enfants ont cru, c’est ce que leur mère avait dit. Pendant l’adolescence, ils apprendront que leur père avait été assassiné. Mais la réalité s’avérera encore plus cruelle : que faire de ses souvenirs lorsque l’on apprend que le père aimé et trop tôt disparu a commis des crimes ? Ce podcast est difficile. J’ai parfois été gêné. Il donne la parole aux enfants de Hernando Pizarro, l’un des deux guérilleros auxquels est attribué le massacre de Tacueyó, Colombie.

Ciudad sin tinta

Sandra Cuevas, maire de Cuauhtémoc, Mexique, qui n’aime pas les pauvres, a décidé de remplacer les enseignes colorées des commerçants de rue par le logo de la mairie sur fond blanc. Sandra Cuevas veut du bien aux pauvres, elle veut qu’ils soient riches. Elle veux nettoyer Cauahtémoc. La maire veut de l’ordre et de la discipline pour sa ville. Tamara de Anda, journaliste est tout sauf d’accord avec le remplacement des enseignes par le logo de la mairie. Elle se bat pour préserver l’art populaire de Mexico.

La Zona

Le canal de Panama, sous souveraineté des Etats-Unis, coupait le pays en deux. Des lycéens panaméens, décidés à faire respecter les termes du traité de 1963, entrent dans la zone et font face à la violence des zonians et de la police. Les mécanismes de domination mis en place par les États-Unis et d’autres puissances partagent des traits communs qui s’actualisent dans des situations singulières. L’émission nous plonge dans une situation à la fois unique et banale.

Radio Victoria

Choisir entre la misère et la destruction de votre environnement… : les habitants de la région la plus pauvre de El Salvador étaient confrontés à un dilemme qui ne devrait être imposé à personne. Ce dilemme, en Amérique centrale, n’est-il pas une illusion, au demeurant ? L’extractivisme a, maintes fois, détruit l’environnement et entretenu la misère. Mais quand, à grand renfort de communication, on promet des emplois et le progrès, il est difficile de résister et les communautés se divisent. Sommes-nous, Occidentaux dans une situation si différente ? Certes, contrairement aux habitants de Cabañas, nous ne sommes pas plongés dans la misère. Pourtant, lorsqu’il s’agit de choisir entre sobriété et croissance, c’est plutôt vers la seconde que nous penchons : nous faisons le choix de laisser filer nos émissions de CO2, qui continuent d’augmenter. La compagnie minière proposa à Radio Victoria de lui verser huit fois son revenu mensuel pour passer des publicités. Radio Victoria sut résister.

Lola Pistola

Il parle de quoi, ce podcast, monsieur ? J’ai répondu par une question : qu’est-ce qu’un combattant de MMA incarne à vos yeux ? La réponse que j’attendais ne vint pas tout de suite, mais après avoir insisté quelque peu, j’obtins la réponse que je recherchais : la virilité. Eh bien, essayez d’imaginer le métier le plus opposé qui soit à cet attribut qu’on s’accorde à donner aux combattants de MMA. Vous trouverez alors qui est ou, plutôt, ce que Lola Pistola fait comme métier.

Desplazados por el turismo

La gentrification, le tourisme et Airbnb chassent les habitants modestes de leurs quartiers. Puerta de Tierra no se vende est le nom d’une association qui se bat contre cela et Laura González est l’une des porte-paroles de l’association. Elle a dû quitter l’appartement qu’elle louait ; son immeuble est tout entier consacré à la location touristique de courte durée. Laura nous présente un phénomène qui n’est pas, loin de là, exclusif à San Juan, la capitale de Porto-Rico.

iLe: canciones contra el poder

ILe est une jeune chanteuse portoricaine. Elle est partisane de l’indépendance de son pays, qui est un État libre associé aux États-Unis. Au début de l’émission, nous l’entendons chanter l’hymne portoricain dans sa version révolutionnaire, qui fut remplacée par celle, officielle qui existe maintenant. Elle chante a capella au milieu d’une foule qui proteste, en juillet 2019, contre le gouverneur Ricardo Rosselló. ILe parle de son pays, de sa famille, de sa carrière… Elle nous plonge dans une société qui nous est très peu connue.

El muerto que no muere

Abimael Guzmán est mort. Que faut-il faire de son corps ? Abimael Guzmán fut le fondateur de Sendero Luminoso, un groupe maoïste qui affronta l’armée péruvienne lors d’une guerre sanglante et barbare. Les victimes que les adversaires causèrent se comptent par dizaines de milliers. Cet épisode se centre sur Daniela Ramos, qui, médecin légiste, était de garde lorsqu’il fallut prendre en charge le corps d’Abimael Guzmán, décédé en prison à l’âge de 86 ans, en septembre 2021.

Los deliveristas

À New York, les livreurs sont souvent des migrants latino-américains. Malgré les difficultés pour s’organiser dans une profession où la vie syndicale est inexistante et où l’employeur paraît être un algorithme, les deliveristas sont parvenus à améliorer leurs conditions de travail. Ce reportage nous montre la gestation de leur mobilisation, les liens qui la rendirent possible et la trajectoire humaine de certains d’entre eux.

Vamos a votar

Au Mexique, certaines autorités locales sont élues suivant les us et coutumes indigènes. Parfois, ces derniers sont, nous dit Antonia Ramírez, idéalisés. Antonia s’est battue pour que les femmes aussi votent lors de l’élection du commissaire d’Ocotequila. Elle a eu gain de cause. Nous la suivons au cours d’un processus exemplaire d’empoderamiento qui nous plonge dans la vie de communautés indigènes. La domination des femmes chez les dominés et les exclus est une réalité. Antonia Ramírez et ses voisines l’ont ébranlée.

El sabor de las palabras

Aemilia, lorsqu’elle entend le mot cuarto sent dans la bouche le goût du fromage frais, lorsqu’elle entend cuatro, c’est le goût du même fromage, mais fondu qui emplit sa bouche. Le cerveau d’Aemilia ne fonctionne pas comme celui de la plupart d’entre nous. Les parents d’Aemilia ne l’ont pas appelée Aemilia, mais Cecilia. Le problème, c’est que Cecila donne un goût de salive séchée (qu’est-ce que cela peut bien être, un tel goût ?). Aemilia nous demande donc de l’appeler Aemilia, qui donne un goût de vanille. Pas de souci en ce qui me concerne. Ce qu’éprouve Aemilia, d’autres personnes l’éprouvent aussi et s’appelle la synesthésie. Chez eux, deux sens ou plus sont associés en réponse à un stimulus. Voici un autre exemple que je trouve chez Wikipédia : une surface douce fait naître un goût sucré. Dans cette émission, nous suivons Aemilia lorsque, en compagnie de son amie journaliste, elle s’est efforcée de comprendre son cerveau.

El Hilo

Chile, a medio siglo del golpe: la antipolítica y la lucha por la memoria

En 1973, l’armée chilienne prenait le pouvoir lors d’un coup préparé avec le soutien de la CIA. Cet épisode se penche sur la façon dont le présent détermine le regard qui est porté sur le passé. Claudia Heiss s’inquiète de la difficulté de la société et de l’Etat chiliens à prendre en charge les crimes commis sous Pinochet. Elle observe, cependant, que l’augmentation de l’approbation du coup d’Etat que montrent les sondages est en partie circonstancielle. Elle correspond à une nécessité d’ordre qui découle des troubles de 2019. Ce que je retiens surtout de cet épisode, ce sont les mots de Pedro Blaset Castro, qui, jeune marin en 1973, n’a pas voulu prendre part à un coup dirigé contre les classes populaires dont il était issu.

México: cinco amigos desaparecidos y los soldados esclavizados del narco

La disparition de cinq amis à Lagos de Moreno, Jalisco, Mexique donne l’occasion aux intervenantes de revenir sur le drame des disparitions non élucidées de personnes dans le pays (100.000 depuis 2006 et la militarisation controversée de la lutte contre le trafic de drogues). Les familles se battent, souvent bien seules, alors que les cartels pratiquent le recrutement forcé et l’esclavage.

Guatemala: Bernardo Arévalo y una democracia en resistencia

Lawfare, guerre judiciaire, instrumentalización de la Justicia… l’utilisation ou la manipulation de l’appareil judiciaire pour se débarrasser d’un adversaire politique est une pratique fréquente qui trouve néanmoins dans le Guatemala un exemple paradigmatique. Pourtant, lors de la dernière élection présidentielle, si les manœuvres de celles et ceux qui, souvent depuis de longues années, détiennent le pouvoir dans le pays ont été incessantes et souvent effectives (de nombreux candidats ont été écartés), elles n’ont pas suffi à empêcher le fils du premier président librement élu du pays de l’être à son tour. La tâche de Bernardo Arévalo s’annonce ardue, toutefois.

Je vous suggère d’écouter aussi The Lawfare Podcast: An Earthshaking Election in Guatemala

Los manipuladores digitales de la política latinoamericana

Des officines agissent de manière plus ou moins ouverte pour peser sur les choix électoraux des populations latino-américaines. Le Centro Latinoamericano de Investigación Periodística, CLIP, a mené une enquête fouillée sur ce phénomène. Les figures qui émergent sont tout sauf sympathiques. Mais le poids des opérations que ces fieffés manipulateurs conduisent et leur influence réelle sur les choix des populations ne sont pas véritablement connus.

Une femme que son mari trompe avec sa meilleure amie, un fils qui se sent blessé et que la justice poursuit, des fonds d’origine douteuse, un président affaibli… Gustavo Petro, récemment élu à la présidence colombienne, savait qu’il ne serait pas facile de mettre son programme progressiste à exécution et que ses adversaires étaient puissants. La trajectoire d’un fils qui a grandi loin de son père, engagé corps et âme dans le combat politique, donne des armes inattendues aux adversaires du président.

L’eau qui coule du robinet est soudain devenue salée. À la suite d’une sécheresse prolongée, les autorités ont modifié les teneurs en sodium et chlore de l’eau courante. Celle-ci n’est plus potable, mais elle est buvable, nuance le gouvernement, tout en la déconseillant aux femmes enceintes et aux personnes atteintes d’hypertension ou de maladies rénales. Impréparation, consommation excessive de l’industrie et de l’agroforesterie, changement climatique… Ce reportage donne la parole aux élèves d’une école située à une quarantaine de kilomètres de Montevideo.

Les arnaques bancaires se multiplient. Après en avoir été victimes, Alejandra Sánchez Inzunza y José Luis Pardo, créateurs de Dromómanos, ont décidé d’enquêter. Les banques ont tendance à se laver les mains, les législations sont peu protectrices et les victimes se retrouvent bien seules. Souvent, plutôt que de s’engager dans des procédures judiciaires coûteuses et longues, elles se résignent.

Le livre était fini, les séances de photo pour la quatrième de couverture aussi, tout était prêt. Pourtant, l’éditorial Planeta, la editorial con mayor influencia en el mundo de habla hispana, comme elle se définit elle-même, a fait marche arrière. La publication du livre faisait naître des risques de poursuites que l’entreprise n’allait pas assumer. La Costa Nostra, il est vrai, s’intéresse à une famille colombienne puissante, les Char. Une maison d’édition indépendante a relevé le défi que la puissance multinationale espagnole a jugé trop dangereux. Effet Streissand ? Sans la reculade de Planeta et la levée de boucliers qu’elle a suscitée, je n’aurais sans doute jamais entendu parler ce livre, que je viens à l’instant de commander.

Dans un pays où l’avortement est interdit entièrement ou presque, de très jeunes filles (certaines n’ont que 10 ans) doivent mener leur grossesse jusqu’à son terme. Ces jeunes filles ont souvent fait l’objet d’abus sexuels qui se sont déroulés au sein de leurs familles ou de celles qui les employaient. Nous entrons dans la Casa Rosa María, un centre chrétien où ces jeunes filles sont accueillies.