De la nécessité de créer un Index des Chercheurs Pernicieux pour les enseignants. Lettre au ministre Blanquer.

A Lille, le jeudi 2 juillet 2020.

Monsieur le Ministre,

s/c du chef d’établissement

  1. Le Président de la République déclare le monde universitaire coupable. Il l’est d’avoir encouragé l’ethnicisation de la question sociale en pensant que c’était un bon filon. Or, le débouché ne peut être que sécessionniste. Cela revient à casser la République en deux »
  2. Vous avez porté plainte contre le syndicat SUD pour beaucoup moins que cela.
  3. La combinaison de (1) et (2) crée une grande insécurité juridique chez les enseignants, qui pourraient se découvrir à casser la République en deux, alors qu’ils croyaient citer des universitaires reconnus.
  4. Y aurait-il faute plus grave pour des fonctionnaires à qui l’article premier du code de l’Éducation donne mission de faire partager les valeurs de la République ?
  5. Nous exposons-nous à des poursuites si nous employons l’expression racisme d’État pour éclairer les enjeux de l’arrêt de la Cour de Cassation condamnant l’État pour des contrôles d’identité discriminatoires ?
  6. Les accusations portées contre les universitaires étant d’une sévérité que l’on peine à imaginer plus grande, il faut présumer qu’elles ont été précédées d’une lecture attentive de leurs travaux. Pourtant, aucun nom n’est donné : faudra-t-il que, par précaution, nous délaissions toute la recherche en sciences sociales ?
  7. D’aucuns pourraient estimer qu’un dispositif peu courageux destiné à susciter l’autocensure se met en place. Cela ne saurait être.
  8. L’étude de l’Histoire suggère une façon de dissiper cette impression fâcheuse. Au XVIème siècle, lors du Concile de Trente, l’église catholique se donna l’Index librorum prohibitorum, un catalogue de livres pernicieux. On peut refuser à ce catalogue toutes les qualités, hormis clarté et franchise.
  9. Un Index des Chercheurs Pernicieux serait certainement utile aux enseignants.
  10. Enfin, pour mieux nous accorder à ce qui semble être l’esprit de vos démarches, nous pourrions faire précéder toute profération du mot racisme de cet avertissement solennel du président de la République qui nous rappelle que la dénonciation dudit racisme (un noble combat, au demeurant) peut être dévoyée pour servir les séparatismes. Dénoncer le racisme sans, par souci d’équilibre, dénoncer ceux qui le dénoncent serait à l’évidence dangereux.
  11. Dans la page de garde de l’Index des Chercheurs Pernicieux devrait figurer l’avertissement du président.

Dans l’espoir que ces propositions vous agréeront, je vous prie de recevoir, monsieur le ministre, l’expression de mes salutations les meilleures.

S. Nowenstein,

professeur agrégé.