Gaza et l’Allemagne. Lettre d’un enseignant à l’ambassadeur d’Allemagne en France.

À Bruxelles, le dimanche 5 mai 2024

Référence : https://sebastiannowenstein.org/2024/05/04/gaza-et-lallemagne-lettre-dun-enseignant-a-lambassadeur-dallemagne-en-france/

Monsieur l’Ambassadeur,

Enseignant en France, je voudrais vous soumettre pour commentaire les énoncés que vous trouverez plus bas numérotés par ordre croissant.

Je vous soumets ces énoncés dans le cadre d’un travail sur le récit de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges Deutsches requiem, écrit peu après la victoire alliée. Dans ce récit, Borges imagine les réflexions d’un assassin et tortionnaire allemand la veille de son exécution. Je pense que, commentés par vos soins, les énoncés que je vous soumets enrichiraient la lecture contemporaine du texte de Borges, un auteur qui a toujours défendu l’idée que la lecture compte davantage que l’écriture et qui a volontiers pratiqué la lecture anachronique. Lire Deutsches requiem aujourd’hui pour penser la question du rapport de l’Allemagne avec le crime de génocide m’a paru inévitable.

Ces énoncés ont pour but de poser des questions et d’aider à la réflexion. Que je les endosse ou pas est, ici, sans intérêt. Les formuler est aussi une manière de me préparer à y répondre dans l’hypothèse où, sous une forme ou sous une autre, ils surviendraient en cours.

Ce courrier est public et accessible sur Internet. Je ne manquerai pas de publier votre réponse si elle me parvient.

Énoncé numéro 1 : La politique de l’Allemagne sur les opérations israéliennes à Gaza peut être décrite comme étant raciste en ceci qu’elle opère une distinction entre les droits qu’elle reconnaît à deux groupes humains en raison de leurs origines réélles ou présumées.

Je voudrais formuler les observations suivantes afin de préciser le sens qu’il faut donner à cet énoncé.

  1. Cet énoncé signifie que la politique allemande à l’égard de la situation qui prévaut en Palestine se décrit utilement (mais pas uniquement) en constatant que l’Allemagne reconnaît des droits fondamentaux et inaliénables à un groupe humain (les Juifs israéliens) qu’elle ne reconnaît pas à un autre groupe humain (les Palestiniens de Gaza).
  2. Cet énoncé doit être entendu comme ne portant pas sur les motivations de la politique allemande.
  3. Cet énoncé doit donc être entendu comme décrivant les conséquences ou les caractéristiques de la politique allemande.
  4. Cet énoncé est illustré par le fait qu’en dépit de l’existence d’indices nombreux et concordants qu’Israël commet des crimes à Gaza, l’Allemagne continue de soutenir Israël et de l’approvisionner en armes.
  5. Parmi d’autres documents, le §4 prend appui sur le rapport de la rapporteuse spéciale des Nations Unies Francesca Albanese dont je reproduis un paragraphe : By analysing the patterns of violence and Israel’s policies in its onslaught on Gaza, this report concludes that there are reasonable grounds to believe that the threshold indicating Israel’s commission of genocide is met. One of the key findings is that Israel’s executive and military leadership and soldiers have intentionally distorted jus in bello principles, subverting their protective functions, in an attempt to legitimize genocidal violence against the Palestinian people.
  6. De hauts dirigeants allemands ont multiplié les déclarations notoirement mensongères sur la prétendue moralité de l’action israélienne à Gaza (voir, par exemple, Germany Takes Ostrich Approach to Israel’s Violations of International Humanitarian Law in the Gaza War).
  7. Un exemple, parmi tant d’autres, de ces déclarations est celle effectuée par le chancelier Scholz le 4 décembre 2023 à Berlin : Israel is defending itself against this terror. One thing is clear: this is happening within the framework of international humanitarian law. (Source : article cité supra, §6).
  8. Un autre exemple est cette déclaration du même Scholz : « Israël, un État démocratique guidé par des principes très humanitaires »

Votre pays, monsieur l’ambassadeur, est responsable du premier génocide du vingtième siècle, celui des Héréros et des Namas, et du plus connu, celui de Juifs et des Gitans. Votre pays a été corresponsable d’un troisième génocide, celui des Arméniens. Je voudrais vous soumettre six énoncés (énoncés 2 à 7) se rapportant à ces faits. Les voici :

Énoncé numéro 2 : L’Allemagne estime avoir une responsabilité spéciale à l’égard d’Israël et son engagement relève de la raison d’État (vote du Bundestag du 26 avril 2018. Source : Peut-on critiquer Israël en Allemagne ?)

Énoncé numéro 3 : À l’égard des Héréros, des Namas, des Gitans, des juifs non liés à Israël ou des Améniens, l’Allemagne, par ses actes, montre qu’elle estime ne pas avoir d’obligations comparables à celles qu’elle a à l’égard d’Israël.

Énoncé numéro 4 : Des responsables politiques allemands (le président, le ministre de l’Économie, par exemple) ont appelé les gens d’ascendance palestinienne ou arabe ou les musulmans à rejeter l’antisémitisme et le terrorisme. (Source : A Berlin, la politique du pire au nom du bien, P. Rimbert)

Énoncé numéro 5 : Il n’y a pas eu d’appel aux Allemands à rejeter le crime de génocide ou les crimes contre l’humanité ou les crimes de guerre ou les crimes imputés à Israël.

Énoncé numéro 6 : Il n’y a pas, en principe, de motif valable pour imputer aux Arabes ou musulmans davantage de tolérance à l’égard des crimes contre l’humanité qu’aux Allemands non musulmans ou d’origine autre qu’arabe.

Énoncé numéro 7 : La responsabilité spéciale de l’Allemagne concerne moins le crime de génocide en général que la défense d’Israël en particulier.

Les énoncés 1 et 7 peuvent être regardés comme disant la même chose, puisque si l’énoncé 7 est vrai et que l’Allemagne module sa réaction face à des actes de génocide avérés ou plausibles en fonction de l’appartenance ou non des victimes ou des victimaires à tel ou à tel groupe humain, alors, il pourra être affirmé, comme dans l’énoncé numéro 1, que la politique extérieure de l’Allemagne sur l’action israélienne en cours peut être caractérisée utilement par l’adjectif raciste.

Je voudrais rappeler ceci : une politique peut être raciste sans que ses motivations (en apparence, à tout le moins) le soient. Il suffit pour cela qu’elle soit indifférente à ses répercussions. L’Allemagne peut estimer qu’une vie palestinienne vaut une vie israélienne tout en mettant en œuvre, pour des raisons d’opportunité, une politique qui contredit cette position. Il faut aussi noter qu’une politique qui se définit comme ayant pour but d’apporter des réparations à des crimes racistes peut être inspirées de motivations autres que celles qu’elle proclame. Ceci me conduit à vous soumettre l’énoncé numéro 8 :

Énoncé numéro 8 : « La politique allemande à l’égard d’Israël de l’après-guerre a été dictée par des considérations d’opportunité et non de moralité »

À l’appui de cet énoncé, on fera les considérations suivantes :

  1. Pendant l’après-guerre, de nombreuses personnes compromises avec le régime nazi ont occupé des positions de pouvoir (voir, par exemple, Singulières relations franco-israéliennes, Daniel Marwecki).
  2. Le chancelier Adenauer a déclaré à la télévision et à une heure de grande écoute, au sujet de sa politique de réparations à l’égard des Juifs que « qu’«expier ou réparer [les crimes allemands contre les Juifs] était la condition sine qua non pour retrouver notre statut international». Avant d’ajouter : «Encore aujourd’hui, le pouvoir juif ne doit pas être sous-estimé, surtout en Amérique.» » (Source, ibid).
  3. Le premier ambassadeur allemand en Israël a écrit que « l’Allemagne ne se trouve pas en position de couper les vivres à Tel-Aviv, faute de quoi « les juifs [lâcheraient] les chiens, de Jérusalem à Londres, en passant par New York ». » (Source, ibid).

Monsieur l’ambassadeur, le texte sur lequel je travaille contient l’affirmation que si l’Allemagne a perdu la guerre, la violence et la foi de l’épée auront néanmoins triomphé, ce dont le narrateur se félicite. On peut interpréter cette position comme le refus désespéré d’accepter la défaite et comme la prétention du personnage de continuer d’exister, fût-ce par le crime. Cette prétention, appliquée à l’ensemble du monde, serait, bien entendu, excessive. Cependant, si on la restreint à l’Allemagne et si l’on caractérise l’action d’Israël contre les Gazaouis comme le fait la rapporteuse spéciale Albanese, l’énoncé numéro 9 ci-après mérite discussion.

Énoncé numéro 9 : Pour le personnage du récit commenté, la politique allemande de soutien à Israël apparaîtrait comme la confirmation de la victoire de la violence dont il se félicite.

Que la politique de l’Allemagne à l’égard d’Israël soit marquée par les crimes du régime nazi (énoncé numéro 2) est une évidence. Mais on ne peut exclure a priori, quand on considère le poids que d’anciens nazis eurent dans la politique allemande de l’après-guerre, qu’une continuité existe avec une idéologie (énoncé numéro 1) qui estime que la destruction d’une population donnée est acceptable lorsqu’il s’agit d’atteindre certains buts politiques.

La citation suivante, extraite de l’article de Marwecki mentionné plus haut, montre une forme d’appropriation qui, avec une condescendance abominable teintée d’étonnement, voudrait distinguer le nouveau juif d’Israël de l’ancien juif et faire du premier une sorte d’Aryen :

En 1961, Gerhard von Preuschen, chef de la délégation d’observateurs allemands lors du procès d’Adolf Eichmann, concluait son rapport final par un éloge de «la jeunesse israélienne, qui tranche sur les générations précédentes de manière très prometteuse. Ces jeunes gens — les enfants des émigrés juifs allemands — ne présentent presque aucune des caractéristiques que l’on associe habituellement avec les juifs. De grande taille, blonds aux yeux bleus pour la plupart, avec des visages aux traits réguliers, autonomes et libres de leurs mouvements, ils incarnent une forme de judéité inconnue jusqu’ici».

Ibid

Ce qui me conduit à vous soumettre l’énoncé numéro 10.

Énoncé numéro 10 : La position de l’Allemagne à l’égard des attaques d’Israël contre Gaza est susceptible d’être inscrite dans la continuité d’une idéologie qui estime acceptabe la commission d’actes punissables par le droit international dans la poursuite d’objectifs politiques.

L’énoncé numéro 10 peut être reformulé comme suit pour donner l’énoncé numéro 11.

Énoncé numéro 11 : La position de l’Allemagne sur les attaques d’Israël contre Gaza est susceptible d’être expliquée comme répondant à la volonté d’entretenir la croyance que la politque allemande à l’égard d’Israël se trouve à l’opposé des crimes commis par les nazis. Cette nécessité conduit à la nécessité de fermer les yeux devant les crimes commis par Israël à Gaza et à réprimer l’expression de soutien aux Gazaouis en Allemagne (voir, à ce sujet, À Berlin, la politique du pire au nom du bien).

L’énoncé numéro 11 peut, à son tour, être précisé et développé et donner lieu ainsi aux énoncés numéro 12 et numéro 13 :

Énoncé numéro 12 : La croyance en la droiture morale de l’Allemagne contemporaine censée s’être départie radicalement de son passé nazi est devenue un trait identitaire.

Énoncé numéro 13 : La mobilisation de ce trait identitaire est particulièrement vivace au sein de l’extrême droite allemande à des fins de stigmatisation de la population musulmane ou d’origine arabe.

L’énoncé 13 ne contredit pas la remarque 6 de l’énoncé numéro 1, car l’instrumentalisation de la responsabilité spéciale de l’Allemagne n’est pas l’apanage de l’extême droite.

A l’appui des énoncés 12 et 13, on peut rappeler les travaux de l’historienne Sonia Combe, dont je cite quelques lignes :

Comme devait le rappeler Neiman le 2 février, l’AfD fait sienne la stratégie de M. Steve Bannon, l’ancien conseiller de M. Donald Trump, selon lequel plus on affirme son soutien à l’État d’Israël, plus on peut s’orienter à l’extrême droite sans encourir de reproches. La recette, testée notamment par MM. Jair Bolsonaro au Brésil et Viktor Orbán en Hongrie, fonctionne à merveille.

C’est afin de dévoiler les arrière-pensées de l’extrême droite allemande que les directrices du Forum Einstein et du Centre de recherche sur l’antisémitisme à Berlin, Susan Neiman et l’historienne Stefanie Schüler-Springorum, ainsi que la journaliste Emily Dische-Becker devaient organiser en juin 2022 à Berlin une conférence intitulée « Hijacking memory. The Holocaust and the new right » (Le détournement de la mémoire. L’Holocauste et la nouvelle droite). La conférence partait du constat que les représentants politiques de droite, à l’échelon international comme en Allemagne, s’appropriaient la mémoire du génocide des Juifs par les nazis pour mener une politique nationaliste et xénophobe voire raciste. Une politique qui d’ailleurs menace désormais les Juifs eux-mêmes puisque aux États-Unis, par exemple, des républicains s’autorisent à propager au Congrès des théories du complot antisémites tout en se présentant comme des soutiens d’Israël.

Peut-on critiquer Israël en Allemagne ?

Ce qui nous conduit à l’énoncé numéro 14.

Énoncé numéro 14 : Le rapprochement entre Israël et différents gouvernements ou mouvements d’extrême droite (dont certains, comme la Hongrie d’Orban, ont mené des campagnes antisémites) ne se limite pas à l’Allemagne.

Sylvain Cypel, qui fut rédacteur en chef du Monde, a décrit le rapprochement en principe contre-nature qui s’est produit entre l’État d’Israël et des régimes d’extrême-droite ethnonationalistes :

De l’Indien Modi au Brésilien Bolsonaro, de l’Italien Salvini au Hongrois Orban, en passant par les dirigeants philippin, polonais, autrichien, etc., sans oublier Trump, bien entendu, tous ces dirigeants d’une nouvelle extrême droite internationale hétéroclite, qu’on qualifie d’ « illibéraux », mais qui se caractérisent au premier chef par un autoritarisme xénophobe jouissant d’une forte adhésion populaire, tous ont noué des relations de proximité de communauté d’intérêts avec Israël, ce petit État qui a tant à leur apprendre et qui, sur de nombreux terrains, leur a ouvert la voie.

‘État d’Israël contre les Juifs, Paris, La Découverte, 328 p., 2020.

Sur la question de la présence de l’antisémitisme au sein de l’AfD, on peut lire L’AfD et l’antisémitisme, de François Danckaert.

J’ajouterai enfin que l’un des instructeurs israéliens des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), Rafi Eitan, allait apporter à la fin de sa vie, son soutien à l’AfD allemande. Les AUC, des milices paramilitaires d’extrême-droite, mirent en place des fours crématoires en Colombie, pays dans lequel 200.000 morts leur sont attribués.

Ces rapprochements choquent et étonnent, mais la surprise est moindre quand on rappelle les positions initiales du sionisme, ce qui nous conduit aux énoncés numéro 15 et numéro 16.

Énoncé numéro 15 : Il existe une parenté idéologique entre le sionisme historique et les idéologies racistes et ethnonationalistes du début du vingtième siècle.

Énoncé numéro 16 : Cette proximité a pu favoriser le traitement différencié que l’Allemagne a eu à l’égard des victimes de ses crimes, qui l’a conduite à privilégier Israël et à faire peu de cas de ses autres victimes.

A l’appui des énoncés 15 et 16, je fais appel aux citations suivantes :

  1. « L’avis général était que la valeur humaine des habitants d’Eretz Israël était supérieure à celle des immigrants, et que c’étaient les premiers et non les seconds qui réalisaient la révolution israélienne… Le sabra était un idéal national et les rescapés de la Shoah représentaient son contraire ». (Source : Tom Seguev, Le Septième Million, Jérusalem, 1991, p. 162-163 (édition française Liana Levi, 1993), cité dans Les rescapés de la Shoah et les Israéliens. Immigration et culture nouvelle (1945-1969), Hannah Jablonka)
  2. (…) « l’éthos de la disqualification de l’exil avait également exercé une influence sur les rescapés de la Shoah en Israël… Cette image du Juif de l’exil, physiquement et psychologiquement fragile, opposé à l’Hébreu sain et fort, était ancrée dans l’éthos pionnier ». (Source : Oz Almog, Le Sabra – Portrait, Tel Aviv, 1997, p. 142-143, Jablonka, ibid).
  3.  « Après 1945, avec l’arrivée des premiers réfugiés des camps de la mort nazis, une nouvelle expression répugnante envahit le langage des jeunes Israéliens. Par dérision, les jeunes appelèrent ces réfugiés “savon”. Le terme devint par ailleurs synonyme de couardise et de faiblesse… Dans la rhétorique sioniste, les Juifs de l’exil sont décrits comme lâches, ayant “tendu le cou à l’égorgeur  ». (Source : Irit Keinan, La faim ne s’est pas apaisée, Tel Aviv, 1996, p. 195-196, Jablonka, ibid)
  4. La citation de von Preuschen du nouveau Juif qu’on trouve plus haut.
  5. « Le sionisme politique entend introduire, on le sait, une rupture radicale dans l’histoire des Juifs. Certes la volonté de réunir en Palestine les masses juives malheureuses procède avant tout, chez son fondateur, d’un diagnostic qui se veut froid : confrontés en Europe à la montée de l’antisémitisme et à l’échec de l’assimilation, les Juifs de Diaspora se trouvent placés dans une impasse ; éternels minoritaires, ils y seront toujours tenus pour des étrangers. Mais à ces considérations, les compagnons et disciples de Theodor Herzl en ajoutent d’autres, nettement plus acerbes, sur les effets dévastateurs de l’Exil (la Gola). À les en croire, les Juifs d’Europe, en proie à une « dégénérescence » avancée (c’est le thème fin de siècle par excellence), risqueraient l’extinction pure et simple. »
  6. « Leur décadence est d’abord physique : pauvres, trop investis dans l’étude, les Juifs d’Europe orientale sont chétifs et de faible constitution. Autre opinion, par ailleurs répandue bien au delà des cercles sionistes au tournant des XIXe et XXe siècles : les Juifs, qu’ils habitent la Zone de résidence de l’Empire russe ou les métropoles trépidantes de l’Europe centrale et occidentale, sont des êtres particulièrement sujets aux troubles nerveux et aux graves déséquilibres propres à l’homme moderne  À l’instar de maints spécialistes de la population de l’époque, convaincus à tort de la diminution de la vitalité démographique française ou allemande, les sionistes croient en outre discerner une baisse de la fécondité juive qu’ils attribuent aux mariages trop tardifs, causes par ailleurs de frustration sexuelle et d’autres maux dérivés. »
  7. « Physique, la dégénérescence juive est également spirituelle et morale. Aux yeux des idéologues sionistes, les Juifs sont atteints de « passivité », d’« impuissance » ; ils fustigent leur humilité et leur capacité d’accommodement, attribuées à une lâcheté acquise, et dénoncent les effets destructeurs de ces comportements sur leur créativité, et même sur leur goût du travail véritable et honnête. Les Juifs d’Europe occidentale, surtout les Juifs français, dont on sait la réussite, n’échappent pas à leur vindicte, au motif de leur « inauthenticité ». (Source des citations 5, 6 et 7 : L’utopie sioniste du « nouveau Juif » et la jeunesse juive dans la France de l’après-guerre Contribution à l’histoire de l’Alyah française, Catherine Nicault).
  8. « Lors d’une rencontre à Brooklyn en 1977 avec le prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer, le Premier ministre israélien de l’époque Menahem Begin lui avait reproché d’écrire en yiddish, « langue des morts, de ceux qui s’étaient laissés conduire à l’abattoir, la langue qui ne possède même pas la locution ‘Garde à vous’ » ». (Source : Times of Israel.)

Je voudrais rappeler, monsieur l’ambassadeur, ce que je disais au début de ce courrier : que les énoncés précités reflètent ou ne reflètent pas mes convictions personnelles est indifférent. C’est la position de votre pays sur leur contenu que je cherche à connaître.

Cette affirmation ne m’empêche pas de vous dire que je suis issu d’une famille frappé par le judéocide commis par l’Allemagne et que j’estime que cet héritage m’oblige à défendre les civils Gazaouis qu’Israël tue. J’estime, au contraire, que ceux qui soutiennent l’action d’Israël ou arment ce pays se déshonorent, ce qui est tout particulièrement le cas de votre pays, compte tenu de son passé.

Dans l’attente de vous lire, je vous prie d’agréer, monsieur l’Ambassadeur, l’expression de mes salutations les meilleures.

S. Nowenstein, professeur agrégé, lycée Gaston Berger, Lille.

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