Une grammaire collaborative pour nos élèves. La diphtongaison.

Chers collègues,
Voici le cours que je viens de faire sur la diphtongaison en espagnol. Je vous serais reconnaissant si vous vouliez bien m’aider à l’améliorer par vos remarques et ajouts. Je souhaiterais en particulier disposer de références à des articles universitaires sur la question et d’exemples provenant d’autres langues que l’espagnol et le français. Et puis, si vous avez sous la main un linguiste qui accepte de nous expliquer le phénomène dans une interview enregistrée à ajouter au cours lui-même, je ne dis pas non non plus.
Sebastián.
Chers élèves,
Nous avons travaillé sur les temps verbaux.
Nous avons vu, dans le mode indicatif, le présent, le passé composé, le futur, le plus-que-parfait et le conditionnel des verbes réguliers.
Nous avons vu que le fait de connaître le verbe HABER au présent et à l’imparfait de l’indicatif nous permet de former le passé composé et le futur, d’un côté, et le plus-que-parfait et le conditionnel de l’autre.
HABER, au présent de l’indicatif, se conjugue comme ceci :
HE
HAS
HA
HEMOS
HABÉIS
HAN
Le passé composé, on le forme avec HABER + le participe passé :
HE cantado
HAS cantado
HA cantado
HEMOS cantado
HABÉIS cantado
HAN cantado
(Le participe passé des verbes du deuxième et du troisième groupe se termine par –ido : bebido, subido)
Le futur simple, quant à lui, se conjugue de la façon suivante :
CANTARÉ
CANTARÁS
CANTARÁ
CANTAREMOS
CANTARÉIS
CANTARÁN
Je vous ai fait remarquer que les terminaisons du futur sont celles du verbe HABER au présent : -É, -ÁS, -Á, -EMOS, ÉIS, -ÁN. Et je vous avais fait remarquer aussi qu’en français, la construction du futur se fait de la même manière : je mangerai, tu mangeras, il mangera, nous mangerons, vous mangerez, ils mangeront.
Vous pouvez, dans une première approche, penser à la construction : j’ai à faire ceci ou cela, puis vous dire que ce qu’on fait, quand on construit le futur, c’est qu’on met le verbe avoir non pas avant, mais après l’infinitif. Si vous remontez suffisamment loin dans le temps en espagnol, vous trouvez des constructions comme celle-ci : comer he, qui devient plus tard, comer-he, puis comeré, la forme actuelle.
Pour le plus-que-parfait et pour le conditionnel, vous avez le même rapport :
Le plus-que-parfait, vous le formez avec HABER à l’imparfait :
HABÍA cantado
HABÍAS cantado
HABÍA cantado
HABÍAMOS cantado
HABÍAIS cantado
HABÍAN cantado
… et le conditionnel, avec les terminaisons de HABER à l’imparfait, que vous ajoutez à l’infinitif :
CANTARÍA
CANTARÍAS
CANTARÍA
CANTARÍAMOS
CANTARÍAIS
CANTARÍAN
Pour les verbes du deuxième et du troisième groupe, vous faites la même chose : comería, subiría, etc.
Nous avons marqué un temps d’arrêt pour savourer le bonheur d’avoir appris tant de choses. Puis, nous avons parlé du présent de l’indicatif des verbes réguliers, que je rappelle ici :

CANTAR
CANTO
CANTAS
CANTA
CANTAMOS
CANTÁIS
CANTAN
BEBER
BEBO
BEBES
BEBE
BEBEMOS
BEBÉIS
BEBEN
SUBIR
SUBO
SUBES
SUBE
SUBIMOS
SUBÍS
SUBEN

Nous avons remarqué le -o de la première personne et le fait aussi que les conjugaisons du deuxième et du troisième groupe se ressemblent beaucoup : elles ne se différencient qu’à la première et deuxième personnes du pluriel.
Lorsque nous avons parlé du présent, nous avons évoqué la diphtongaison. Ce phénomène phonétique se manifeste dans la transformation du –e en –ie et du –o en –ue. Le verbe PENSAR, par exemple, se conjugue comme suit :
PIENSO
PIENSAS
PIENSA
PENSAMOS
PENSÁIS
PIENSAN
Vous pouvez remarquer, vous l’avez déjà fait, mais vous pouvez le faire à nouveau, que le –e de l’infinitif est devenu –ie aux trois premières personnes du singulier et à la troisième du pluriel. On a vu qu’on peut avoir un phénomène comparable avec le –o de MORDER, par exemple :
MUERDO
MUERDES
MUERDE
MORDEMOS
MORDÉIS
MUERDEN
Maintenant, si vous conjuguez PENSAR ou MORDER à tous les temps, vous allez observer que la diphtongaison ne se manifeste qu’au présent de l’indicatif, au présent du subjonctif et à l’impératif. Pourquoi ?
Parce que la diphtongaison n’affecte que les voyelles accentuées : dans mordemos, l’accent tonique se situe sur le –e et non sur le -o du radical qui, du coup, est épargné par la diphtongaison. Si vous prenez le futur de MORDER, vous avez la même situation : le -o n’étant pas accentué, il ne diphtongue pas.
Est-ce que la diphtongaison existe en français ?
Quand je vous ai posé la question, vous avez dit que non.
Puis, j’ai insisté. Je vous ai demandé de bien chercher. Vous ne voyiez pas. Je vous ai encore aidés… et vous avez trouvé : tenir, bien sûr, venir, bien sûr !
Nous avons, alors, joyeusement, vous vous en souvenez, conjugué : je tiens, tu tiens, etc, mais NOUS TENONS, VOUS TENEZ…
Je me permets maintenant d’ajouter d’autres exemples : POUVOIR, MOUVOIR, VOULOIR. En fait, pour le -o, c’est moins évident que pour le -e, puisqu’on n’obtient pas les mêmes lettres qu’en espagnol : -eu, en français, -ue, en espagnol. Mais on peut retenir que je peux, c’est puedo, et je meus, c’est muevo
Est-ce que la diphtongaison ne concerne que les verbes ?
Non, regardez : puerta (porte), puerto (port), mueble (meuble), nuevo (neuf), movimiento (mouvement), tiempo (temps)…
En fait, savoir que la diphtongaison n’affecte pas seulement les verbes peut vous permettre de retrouver le sens d’un mot espagnol : si vous remplacez, dans un mot que vous ne connaissez pas, le -ue par -eu et le -ie par -e vous avez des chances de retomber sur le mot français équivalent à celui, espagnol, dont le sens vous échappe…
Chers élèves, cela a été pour moi une joie que d’approfondir avec vous la question de la diphtongaison. Je sais que votre bonheur n’a pas été moins grand que le mien, même si, cela, je le sais aussi, une pudeur bien naturelle à votre âge vous a empêchés de trop extérioriser cette joie. Chers élèves, le LOSC vous a déçus, le LOSC vous déçoit, en ce début de saison. Il déçoit certains parmi vous, à tout le moins. Chers élèves, faites une place dans votre coeur à la grammaire espagnole et à ses beautés. Elle ne vous décevra jamais.
Ah, oui, coeur, le mot coeur. Il vient de cor, en latin. Il a diphtongué. Voici son histoire :
cor > cuer > coeur (source : http://bbouillon.free.fr/univ/hl/Fichiers/Cours/pron.htm )
En espagnol, coeur, c’est corazón. Le premier -o ne pouvait pas diphtonguer, car il n’était pas accentué.