Au sujet du déjeuner du président, lettre à Ève Roger

A Lille, le 31 janvier 2023

Madame,

Enseignant dans le secondaire et dans le supérieur, je travaille sur les abus du off en politique. Ce phénomène, auquel Le Monde avait consacré une enquête fouillée en décembre 2022, a trouvé une illustration frappante avec le déjeuner du 17 janvier 2022, qui a réuni le président de la République et une dizaine d’éditorialistes et dont vous avez rendu compte dans une chronique devenue virale.

Je voudrais vous soumettre une hypothèse : sans l’aspect comique ou outrancier de voir les mêmes éléments de langage ou punchlines revenir dans les gazettes ou les émissions radio ou télé, votre chronique n’aurait pas connu le succès qu’elle a eu et la polémique ne serait pas née. Je vous soumets une hypothèse subsidiaire : sans cet élément comique, vous n’auriez pas fait de chronique sur le déjeuner de l’Elysée. Pour dire les choses autrement : je me demande si ce n’est pas le trop grand succès de l’opération de communication du président qui a provoqué la polémique et, in fine, son échec relatif. Les éditorialistes ont-ils trop bien fait ?

Accepteriez-vous de commenter rapidement ces deux hypothèses ? Accepteriez-vous de répondre à des questions d’élèves ou étudiants au sujet de votre chronique et de la question du off en général ?

Bien cordialement,

Sebastian Nowenstein, professeur agrégé.

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Revenir sur des articles pour les analyser et, surtout, pour prolonger collectivement les enquêtes des journalistes est une activité qui a toute sa place dans l’éducation aux médias. Les travaux des chercheurs peuvent faire l’objet de la même démarche.

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