Qui est Esteban Nierenstein ?
Esteban Nierenstein est professeur agrégé d’espagnol dans un monde parallèle au nôtre.
Il tient un blog que ses supérieurs désapprouvent. Sous le coup de menaces disciplinaires, il a cessé d’écrire dans son monde et décidé de nous faire parvenir certains de ces textes. La transmission s’avère imparfaite et ses textes nous parviennent parfois déstructurés. Nous les recomposons de notre mieux à l’aide de nos logiciels, mais nous ne saurions garantir une fidélité parfaite.
La question de savoir si les restrictions qui limitent le droit de publier de monsieur Nierenstein s’étendent à un ordre juridique distinct de celui dans lequel il exerce ses fonctions d’enseignant est débattue. Quoi qu’il en soit, nous lui exprimons notre solidarité. Heureusement, dans notre univers, qui chérit la liberté d’expression, nous sommes protégés contre les intimidations qui visent notre ami.
Nous ignorons comment il se fait que les textes de Nierenstein nous parviennent. Nous n’avons jamais véritablement réussi à communiquer avec lui. Ses écrits apparaissent dans les ordinateurs de nos rédacteurs, c’est tout ce que nous pouvons dire.
D’aucuns mettent en rapport l’irruption des textes de Nierenstein dans notre monde avec celle des articles du Courrier de Timburbrou, qui nous viennent du futur. Les plus désespérés parlent d’une attrition irréversible de notre monde, qui se réduirait de plus en plus sous la pression de mondes parallèles et sous celle d’un avenir qui n’aurait de cesse de vouloir se déverser sur nous. Borges défend cette hypothèse pessimiste dans Tlön, Uqbar, orbis tertius.
Nous entendons bien cette crainte. Peut-être n’est-elle pas sans fondement. Mais le désespoir est une facilité que nous ne nous accordons pas.
Nous préférons l’étude stoïque de la théorie des univers multiples, du multivers. Nous pensons que c’est en elle que se cache notre salut.
Si ce n’est pas le cas, nous persévérerons dans ce que nous faisons tant que notre monde existera.