À Lille, le 17 mai 2017.
Madame,
Professeur dans le secondaire, je dispense cette année la matière enseignement moral et civique (EMC). À ce titre, je travaille sur les discriminations et sur la liberté de presse. Dans ce cadre, j’ai décidé, en collaboration avec des collègues, de m’intéresser aux menaces sérieuses qui pèsent sur le journal russe Novaïa Gazeta pour avoir dénoncé les persécutions que subissent les homosexuels en Tchétchénie. En complément à ce travail, nous menons une réflexion sur la manière dont nos sociétés réagissent à l’existence des discriminations et aux atteintes qui sont portées à la liberté de presse.
La France s’est exprimée de la façon suivante sur la situation des personnes LGTB en Tchétchénie :
Nous appelons la Fédération de Russie à condamner les réactions des autorités tchétchènes qui, en niant l’existence même de l’homosexualité ou en laissant entendre que les personnes concernées pourraient être tuées par leurs familles, encouragent un climat d’impunité. Toute la lumière doit être faite sur ces violations graves des droits de l’Homme, garantis par plusieurs instruments internationaux auxquels la Russie a librement souscrit.1
Afin d’examiner de façon comparative la réaction suscitée en Europe par la situation que la France a dénoncée, nous avons entrepris d’interroger des acteurs de la vie publique européenne. Vous pouvez consulter les lettres diffusées dans le cadre de cette initiative sur mon blog.
Sur le site de Gaylib, vous avez publié, madame, un communiqué2 que j’intègre dans notre dossier. Auriez-vous l’amabilité de répondre aux questions suivantes concernant votre communiqué ? :
Avez-vous pris contact avec les autorités russes ou tchétchènes pour leur manifester votre inquiétude quant aux persécutions que vous dénoncez ?
Avez-vous pris contact avec le gouvernement français ?
Vous êtes un mouvement associé à l’UDI, avez-vous soumis la problématique que vous dénoncez dans votre communiqué aux instances de votre parti ?
Certains considèrent que, pour l’heure, la seule protection réaliste qui puisse être offerte aux homosexuels tchétchènes est de leur permettre de fuir leur pays. La France doit-elle faire un effort particulier pour accueillir ces personnes ?
Vos réponses nous permettront, je l’espère, d’enrichir notre dossier et de mieux faire comprendre à nos élèves comment nos sociétés agissent lorsque les valeurs qui les fondent sont mises en cause.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, chère Madame, à l’expression de mes salutations les meilleures.
Sebastián Nowenstein,
professeur agrégé.
1https://ru.ambafrance.org/Droits-de-l-Homme-Situation-des-personnes-LGBTI-en-Tchetchenie
2http://gaylib.org/detention-torture-tchetchenie/