- L’Éducation Nationale nous demande de développer le jugement critique des élèves afin de lutter contre la désinformation. Notre association est un cadre dans lequel les enseignants pourront travailler collectivement sur le sujet.
- Nous définissons la désinformation comme toute tentative organisée de faire croire quelque chose de faux. Les trois exemples suivants illustrent cette définition :
- La désinformation sur les dangers de la cigarette organisée par l’industrie du tabac.
- La désinformation sur les effets des activités des industries textile, numérique et du voyage.
- La désinformation concernant l’utilisation du chlordécone dans les Antilles et les effets cancérigènes de cette substance.
- Les effets de la désinformation ne sont pas les mêmes selon les moyens utilisés pour la mettre en œuvre et selon le pouvoir symbolique des acteurs qui la diffusent. Le méconnaître crée une distorsion forte dans l’analyse du problème.
- Nous reconnaissons l’importance des études en psychologie cognitive qui mettent en évidence l’existence de biais dans la façon dont les êtres humains traitent l’information. Mais nous pensons que la connaissance de ces biais ne suffit pas à nous prémunir contre la désinformation. Ces biais, dont certains sont nécessaires à la vie en société, ne peuvent pas être extirpés de l’esprit et nous y sommes tous sujets. La lutte contre la désinformation ne peut pas reposer sur le seul jugement critique individuel ; elle exige, au contraire, des démarches discursives, collectives par définition. De fait, dans les milieux scientifiques, ce sont des méthodes toujours collectives qui sont mises en œuvre pour atténuer les effets de ces biais.
- Nous reconnaissons l’importance des réseaux sociaux dans l’amplification de la désinformation par les algorithmes des réseaux sociaux, mais n’oublions pas que la désinformation est, aujourd’hui, conçue et pesée pour susciter cette amplification. La connaissance du fonctionnement des algorithmes ne doit pas conduire à minimiser les responsabilités de ceux qui les instrumentalisent pour désinformer.
- La façon dont notre institution lutte contre la désinformation ne nous convient pas. D’une part, parce qu’elle ne hiérarchise pas la désinformation et qu’elle se concentre abusivement sur celle qui émane d’acteurs marginaux ou des réseaux sociaux. D’autre part, parce qu’elle mise trop sur le développement d’un jugement critique individuel.
- Alors que les médias sont soumis à des contraintes qui limitent l’indépendance des journalistes et les mettent en concurrence, le statut des enseignants, la force relative de leurs organisations syndicales et leur habitude de travail collectif leur permettent d’enquêter sur le long terme en se soustrayant à une partie des pressions dont d’autres font l’objet.
- Notre association
- Prépare du matériel pédagogique permettant de travailler sur la désinformation,
- Enquête pour mettre en évidence des campagnes de désinformation,
- Organise des formations et des rencontres avec des journalistes, juristes et chercheurs,
- Conçoit des activités par lesquelles les élèves apprennent à enquêter eux-mêmes sur des campagnes de désinformation
- Soutient les collègues engagés dans des actions de lutte contre la désinformation au sein de leurs établissements.
- Établît un réseau de correspondants à l’étranger afin de pouvoir enquêter en dehors des frontières françaises et afin de mettre en place des collaborations entre élèves français et étrangers.