L’article de madame Goyet est ici: http://maragoyet.blog.lemonde.fr/2017/03/30/les-bienfaits-pedagogiques-du-complotisme/
J’ai posté par deux fois ces commentaires sur le blog de madame Gayet, mais ils n’ont pas été publiés, alors que ceux d’autres lecteurs l’étaient.
Chère collègue,
Votre activité est amusante. L’idée de travailler sur les caractéristiques précises de votre collège et de rechercher des coïncidences arbitraires me paraît bien venue. Compter le nombre de marches est une activité qui illustre l’absurdité obsessionnelle de nombre de théories du complot. Bravo d’y avoir pensé.
Deux questions cependant :
Peut-on traiter le complotisme en se focalisant sur ses aspects les plus risibles ou adolescents et ignorer celui de nombre de nos politiciens, qui a une incidence indéniable sur le débat public ? Envisagez-vous d’aborder le complotisme de messieurs Fillon ou Trump ou de madame Le Pen ? Les déclarations de notre ministre au journal de France Culture du 1er mars 2017, dans lesquelles madame Vallaud Belkacem s’inquiétait des effets des accusations de monsieur Fillon sur notre jeunesse semblent nous inciter à intégrer ce type de propos dans le périmètre du combat que nous menons contre le complotisme. Ne pas le faire nécessiterait de motiver que l’on passe sous silence un complotisme qui ébranle les institutions républicaines alors que l’on met en exergue des croyances personnelles dont l’incidence sur la vie sociale paraît, en l’absence de la preuve du contraire, faible ou indirecte. Pourriez-vous, chère collègue, nous indiquer comment vous situez la démarche que vous nous avez présentée par rapport à la problématique que je soulève ? J’ai interrogé madame la ministre sur la question par la voie hiérarchique. J’ai publié ma lettre sur mon blog : http://sebastiannowenstein.blog.lemonde.fr/2017/04/01/le-complotisme-de-monsieur-fillon-lettre-a-madame-la-ministre/
Une autre question sur laquelle j’ai eu l’occasion d’interroger madame la ministre est celle de l’existence ou non de données empiriques sur le phénomène complotiste. Le ministère a-t-il estimé l’importance du phénomène et de son accroissement avant de nous lancer dans le formidable (pour reprendre les mots de la ministre) combat que nous menons contre lui ? J’ai posé la question lors d’un stage de formation sur le complotisme, mais n’ai pas eu de réponse satisfaisante. Les complotistes ont l’habitude de dire : « nous savons que… » et de se dédouaner de toute démonstration. Nous ne saurions agir de même avec nos élèves et les prier de croire que l’on constate un accroissement du phénomène, puis de fonder sur une vérité d’évidence non empirique la nécessité de les prémunir contre ce danger qui les guette. La lettre pour madame la ministre est ici : http://sebastiannowenstein.blog.lemonde.fr/2017/03/17/le-conspirationnisme-y-a-t-il-des-chiffres-lettre-a-madame-la-ministre/
Ne voulant pas trop alourdir ce commentaire, je laisse pour de futurs échanges d’autres questions en rapport avec le complotisme sur lesquelles je compte interroger madame la ministre, et vous même, chère collègue, si vous le voulez bien.
PS : Je vous communique le courrier que j’avais envoyé à monsieur Valls, par la voie hiérarchique également, à l’occasion de la publication d’une tribune Facebook dans laquelle il s’en prenait à des chercheurs qui avaient critiqué une chronique de l’écrivain algérien Kamel Daoud. J’avais confronté l’argumentation du premier ministre de l’époque au discours de notre ministre sur le complotisme, plein de drôlerie et néanmoins profond, que vous citez à la fin de votre post sans en donner la source. La lettre adressée à monsieur Valls est ici : http://sebastiannowenstein.blog.lemonde.fr/2016/08/30/lettre-au-premier-ministre-laffaire-daoud/