Les innocents de Viry-Châtillon. Comment les intérêts de la société sont-ils défendus ?

Je lis dans Mediapart :

A 18 ans et jusqu’à ses 22 ans, Foued* a été incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis. En octobre 2021, il a saisi la justice, pour faire reconnaître le préjudice de ces années de privation de liberté injustifiée.

Je lis aussi :

L’avocate Yaël Scemama l’estime à 44 000 euros du fait de l’impossibilité de suivre et de finir sa scolarité et d’obtenir son BTS. Mais l’État a suivi le pas du procureur général, qui a estimé le préjudice matériel nul. Pour justifier une telle décision, le parquet de la cour d’appel est allé jusqu’à disséquer les bulletins scolaires de Foued, remontant à l’année de seconde, pointant certaines notes en dessous de la moyenne, tout en ignorant les plus encourageantes.

https://www.mediapart.fr/journal/france/180623/viry-chatillon-foued-detenu-tort-face-l-indecence-de-l-etat

Peu de temps après, ce journal s’entretenait avec le procureur général Molins, qui prenait sa retraite après avoir servi la justice française pendant 46 ans.

J’aurais aimé que l’on demande au procureur général si, à son estime, le procureur qui brandit les bulletins de seconde de Foued* dans le but de nier le préjudice matériel qu’a constitué son incarcération alors qu’il était innocent respecte ou non les obligations déontologiques qui sont les siennes et dont je rappelle les principales : indépendance, impartialité, intégrité, probité, loyauté dans l’administration de la preuve, dignité, respect et attention portés à autrui, conscience professionnelle, intégrité.

Le procureur a-t-il réussi à faire baisser de 10.000 euros l’indemnisation qui sera accordée à Foued en prétendant que les bulletins de ce dernier conduisaient à penser qu’il ne réussirait pas ses études ? Fallait-il vraiment que la société, après avoir enfermé ce jeune homme injustement pendant 4 ans, lui dise par la voix du procureur que son préjudice matériel est nul parce que, de toute façon, il n’aurait rien fait de sa vie durant les années passées en prison ?

Le procureur défend les intérêts de la société. Eh bien, on a honte de faire partie d’une société ainsi défendue.