Madame la ministre,
Alors que l’École est engagée dans un effort sans précédent pour les valeurs de la République, nous constatons avec perplexité que la France se singularise par le faible nombre de réfugiés syriens qu’elle est prête à accueillir. Ces réfugiés fuient une guerre où sont niées et bafouées ces mêmes valeurs que nous avons mission de faire partager.
Si les valeurs de la République ne peuvent s’épanouir et prendre tout leur sens que dans un cadre démocratique et pacifique comme celui dont nous jouissons sur notre sol, il ne se conçoit pas qu’elles n’obligent pas la France lorsque la mort et la souffrance s’abattent sur d’autres peuples que le nôtre. Ou devrons-nous expliquer à nos élèves, madame la ministre, que la fraternité s’arrête à nos frontières, qu’elle ne concerne que les Français et qu’elle ne saurait s’étendre qu’à une infime proportion des victimes du sanglant chaos syrien ?
Nos fonctions ne nous appellent pas à peser sur la politique étrangère de la France ou sur sa politique d’asile. Mais nous tenons à vous dire, en tant qu’enseignants, que la Grande Mobilisation de l’École pour les Valeurs de la République que vous mettez en œuvre ne peut qu’être affaiblie si nous ne donnons pas une certaine vocation d’universalité à ces valeurs dont nous sommes si fiers. Que celles-ci deviennent des mots presque sans effet dès lors qu’il s’agit d’accueillir sur notre sol les victimes du fanatisme porte atteinte douloureusement à nos efforts.
Nous vous prions d’agréer, madame la ministre, l’expression de nos salutations républicaines.
Intersyndicale de…