À Lille, le 3 novembre 2025
Messieurs les Professeurs Fontecave et Tarascon,
Le 19 septembre 2022, vous avez adressé au sénateur Longeot un courrier avec en-tête du Collège de France, que je publie. Vous vous y mettiez à la disposition de la commission que le sénateur préside et, plus généralement, du Sénat afin de les éclairer, l’une et l’autre, sur les questions climatiques, énergétiques et environnementales.
J’ai bien noté (courriel du professeur Fontecave du 24 septembre 2025) que le sénateur Longeot n’a pas donné suite à votre offre de services. Je souhaite, cependant, vous soumettre quelques remarques et questions sur ce courrier. Les questions sont numérotées, de 1 à 10. Si vous estimez devoir y répondre, je transmettrai vos commentaires à mes élèves et les publierai dans le site dans lequel je publie ce courrier, à l’adresse donnée en référence.
J’observe que votre courrier ne mentionne pas que TotalEnergies finance l’initiative Avenir Commun Durable (ACD, dans ce qui suit). 1) N’eût-il pas fallu, pour la parfaite information du sénateur, que ce lien avec une entreprise dont l’activité est au cœur des questions sur lesquelles vous vouliez renseigner le Sénat soit mentionné ?
Je note que l’article 6.1 de la Convention de mécénat liant le Collège de France et TotalEnergies dispose : Les Parties s’abstiendront de faire toute communication directe ou indirecte, écrite ou orale, susceptible de porter atteinte à l’image et à la notoriété de l’autre Partie.
Je note aussi que le professeur Fontecave a déclaré (minute 3 de la vidéo ci-dessous) « Moi, je ne critique pas Total parce qu’il y a un mécénat et que, donc, nous travaillons avec ce mécène ».
D’où ma question 2) : N’eût-il pas fallu informer le sénateur que les savoirs fiables (voir votre courrier) que vous diffusez ont cette particularité d’exclure tout ce qui pourrait porter atteinte à l’image ou à la notoriété de TotalEnergies ?
Malgré mes efforts, je ne trouve pas de précédent d’une initiative telle que la vôtre, qui, de surcroît, ne paraît pas s’inscrire dans les missions dévolues aux professeurs du Collège de France. D’où mes questions 3) et 4) : Existe-t-il, à votre connaissance, des précédents à votre démarche ? et Comment l’idée de votre courrier est-elle venue aux professeurs d’Avenir Commun Durable ?
« Nous vous écrivons en leur nom », dites-vous dans votre courrier. Vous écriviez donc au nom de la quinzaine de professeurs qui portent l’initiative ACD. D’où mes questions 5) et 6) Y a-t-il eu, parmi ces professeurs, des objections ou des réticences à l’envoi dudit courrier ? Est-ce unanimement qu’ils vous ont mandatés pour l’envoyer ?
On est frappé par l’ampleur et l’ambition de votre offre, puisque, comme rappelé plus haut, vous proposiez d’intervenir sur les questions climatiques, énergétiques et environnementales. Vous avez, l’un comme l’autre, des parcours scientifiques reconnus, mais 7) ces derniers vous qualifient-ils pour intervenir en tant que scientifiques sur des sujets aussi vastes et faisant l’objet d’une littérature des plus abondantes ? 8) Votre offre d’intervention engageait-elle d’autres professeurs de l’initiative ACD ?
J’ai bien noté que le professeur Fontecave estime que l’apparence de conflit d’intérêt qui pourrait exister entre le financement par TotalEnergies et les activités d’ACD, parmi lesquelles le courrier dont il est question ici, me sont toutes personnelles et naissent de la sélection que je fais de quelques faits qui, isolés, ne reflètent pas la réalité de cette relation de mécénat ni du fonctionnement du Collège de France (voir courriel du professeur Fontecave, supra). Les questions 9) et 10) concernent donc uniquement monsieur Tarascon : Estimez-vous que le courrier que vous avez envoyé au sénateur Longeot fait naître une apparence de conflit d’intérêt dans votre chef ? Si oui, êtes-vous en mesure de dissiper cette apparence ?
Bien cordialement,
Sebastian Nowenstein, professeur agrégé, lycée Gaston Berger, Lille