Le 28 octobre 2025
Monsieur l’Administrateur,
Je vous remercie pour votre réponse.
Dans le cadre pédagogique qui justifie ma démarche, comme vous le dites fort bien, il s’agit de tourner un documentaire sur le financement par TotalEnergies du Collège de France. Dans le cadre de ce documentaire, les partie prenantes sont sollicitées afin qu’elle donnent leur positions respectives. Je prends acte de votre refus de répondre à la question que je vous posais dans mon courrier du 24 octobre 2025, que je rappelle ici pour mémoire :
Est-il conforme à la législation et à l’éthique de la recherche en général et à celle du Collège de France en particulier que ce dernier reçoive, pour financer des recherches sur le réchauffement climatique, des fonds d’une entreprise comme TotalEnergies qui 1) contribue de manière significative audit réchauffement, qui 2) s’est employée à fabriquer de l’ignorance sur ledit réchauffement climatique et qui 3) impose, par contrat, au Collège de France à ne pas porter atteinte à sa réputation ?
Je voudrais cependant vous indiquer que les réponses que j’ai reçues de vos collègues et de vos services peuvent difficilement être qualifiées, comme vous le faites, d’abondantes, et les documents qu’ils m’ont communiqués de nombreux. Elles se limitent à 1) la Convention liant le Collège de France à TotalEnergies et 2) à la réponse du professeur Fontecave à mon courrier.
Je voudrais également préciser qu’il ne s’agit pas, comme vous l’écrivez, de « renseigner » mes élèves, mais d’enquêter avec eux sur un financement qui interroge.
Quant à la notion de « suffisant », que vous mobilisez, elle implique qu’il convient que l’enseignant se contente d’un certain niveau de connaissances, que vous ne précisez pas, lorsqu’il prépare ses cours. Et, également, que ses élèves n’ont pas vocation à trop approfondir leurs travaux. Rien, dans les textes qui régissent mes fonctions d’enseignant ne justifie une telle position. Dans ma pratique professionnelle, du reste, je n’ai eu de cesse d’enquêter ou d’approfondir les sujets que j’aborde en classe.
Concevez-vous, monsieur l’Administrateur, qu’un enseignant se présente devant des élèves auxquels il a proposé d’enquêter sur le financement du Collège de France par TotalEnergies et qu’il leur dise : Voici la Convention, voici la réponse de Monsieur Fontecave. Vous voilà donc renseignés ? Moi non. Quand j’ai expliqué en classe les démarches que j’avais entreprises pour préparer notre atelier de journalisme, mes élèves n’ont pas été étonnés. Je crois qu’ils n’en attendent pas moins de la part de leur enseignant.
L’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dispose : La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. C’est sur cet article que la législation sur le libre accès des documents administratifs à laquelle j’ai recouru pour vous demander communication de la Convention s’est développée. Je vous dis ceci, monsieur l’Administrateur, pour rappeler que ce n’est pas une quelconque faveur que vous m’auriez accordée en me communiquant la Convention, mais la simple exécution de vos devoirs d’agent public. Je me permets, à toutes fins utiles, de rappeler que la façon dont vous vous êtes acquitté de votre obligation ne suit pas les deux avis émis par la CADA (Commission d’Accès aux Documents administratifs), favorables à ma demande.
Je souhaite vous informer, monsieur l’Administrateur, que je prévois de continuer à enquêter le financement par TotalEnergies du Collège de France. Je le ferai cette année, mais aussi pendant celles qui viendront, car mes enquêtes, contrairement à celles des journalistes, n’ont pas de limite dans le temps. Je forme des vœux pour que, dans ce temps d’enquête sans limite qui s’ouvre maintenant, vous ou votre institution reviendrez sur votre position actuelle et donnerez suite à la question posée plus haut.
Bien à vous,
Sebastian Nowenstein, professeur agrégé, lycée Gaston Berger, Lille.