Physarum polycephalum, le film.

Le Courrier de Timburbrou, le 17 mars 2032.

Une nouvelle production des élèves de Timburbrou.
Les élèves de Timburbrou innovent encore. Ils ont produit un film de science-fiction remarqué et l’ont doté d’un admirable dossier scientifique. C’est encore Physarum polycephalum qui est à l’honneur.
Sans tout vouloir dévoiler, mais en dévoilant un peu quand-même (cessez donc de lire si vous le pouvez), nous dirons que le film est basé, en partie, en des faits réels que notre journal a déjà relayés. Dans le film, comme dans la réalité, un groupe de lycéens se prend de passion pour le blob, Physarum poycephalum de son vrai nom. Dans le film, cela est arrivé aussi, des élèves d’autres lycées européens obtiennent auprès de leurs camarades des souches de Physarum et font pousser ces créatures dans leurs lycées respectifs. Dans le film, cela, à notre connaissance, n’est pas vrai, des lycéens cupides détournent des exemplaires de Physarum et mettent à profit les surprenantes performances de ce champignon pour organiser des compétitions et des paris clandestins qui finissent par brasser des sommes considérables d’argent. Dans le film, cela, nous en sommes sûrs, ne s’est jamais produit, une lycéenne espagnole en visite au lycée filme en caméra cachée les agissements peu honorables de ses camarades et dévoile le pot au roses. Dans la dernière scène du film, dans ce qui est, provisoirement, la dernière scène du film, alors que la jeune fille espagnole, dans une pièce à peine éclairée par la lumière blafarde de l’écran sur lequel elle travaille, met la dernière main à son reportage, un blob se glisse sous la porte. Le film se clôt, provisoirement donc, par un appel en plusieurs langues à ce que d’autres filment la suite.
Dans certains scénarios, qui circulent discrètement dans les réseaux sociaux et que nous avons réussi à nous procurer, on explique que les élèves, pris par l’appât du gain, ont modifié génétiquement les blobs pour accroître leurs performances. D’autres versions évoquent des produits dopants. En tout cas, des lignées agressives de ces créatures initialement placides ont été développées qui semblent désormais préférer des nourritures carnées aux champignons et aux flocons d’avoine dont elles ont toujours été friandes.
Si les élèves de Timburbrou nous ont habitués à traiter les sujets les plus délicats avec élégance, nous ne pouvons qu’être inquiets du coup de poker qui consiste à s’en remettre à des lycéens des quatre coins de la terre, aussi nombreux qu’inconnus, le soin de prolonger un film dont la dernière scène est une invite aux développements les plus scabreux. Gardons notre confiance aux élèves toutefois, mais invitons-les à la vigilance : rappelons-leur que, quels qu’aient été leurs succès passés, ces derniers ne les prémunissent pas contre les dérives et les erreurs.