À Lille, le samedi 5 janvier 2019
Madame la députée, Monsieur le député,
Sous la plume de Stéphane Foucart, le journal Le Monde nous informe de l’existence de contradictions étonnantes entre votre action législative et la tribune que vous avez signée dans l’édition du 23-24 décembre du quotidien.
Dans la tribune, intitulée « Les abeilles sont essentielles », vous vous en prenez au gouvernement et vous lui reprochez de n’avoir rien entrepris.
Or, en la matière, votre action législative semble s’être caractérisée par l’indifférence, mais, surtout, par l’hostilité à l’égard des mesures qui, dans le cadre de la loi Egalim, visaient à atténuer la gravité du problème que vous dénoncez dans votre tribune. La démonstration de monsieur Foucart paraît fort complète et sa conclusion est précise :
Au total, à l’exception de Brigitte Kuster et Nathalie Bassire, tous les coauteurs du vibrant appel à sauver les abeilles ont tenté de réfréner l’ambition du projet de loi « Egalim » de limiter le recours aux pesticides.
Il est dans les missions de l’enseignant que je suis de former le futur citoyen en favorisant le développement de son sens critique et de sa capacité à argumenter rationnellement. C’est ainsi que je m’intéresse en ce moment à la façon dont le processus législatif européen traite la question des perturbateurs endocriniens ou celle du tabac. L’article de monsieur Foucart me paraît compléter utilement, sur le plan national, ce que lui et d’autres ont pu écrire au sujet des prises de position qui sont parfois celles des législateurs européens. J’ai donc décidé de l’inclure dans le dossier que je prépare sur le sujet et auquel je chercherai à donner la plus grande diffusion auprès de mes collègues.
Je serais très heureux d’y inclure aussi les commentaires que vous pourriez avoir l’amabilité de me transmettre, bien entendu.
Je me permets d’ajouter aux points soulevés par monsieur Foucart quelques questions supplémentaires et rapides.
Vous écrivez :
Les phénomènes naturels ainsi que l’activité humaine fragilisent les écosystèmes et menacent certaines espèces animales et végétales essentielles à la survie de notre espèce.
Si le fait que l’activité humaine fragilise les écosystèmes est acquis, on voit moins bien ce que vous visez quand vous prêtez le même effet aux phénomènes naturels. Qu’avez-vous en tête, concrètement ?
Vous écrivez :
Pourtant, toutes ces tentatives de dialogue n’ont pas abouti et malgré les interventions que nous déposons auprès des services ministériels, aucune évolution de la situation n’est actuellement à l’étude.
Pourriez-vous me donner le détail des interventions que vous avez déposées, pour reprendre votre formulation, auprès des services ministériels ?
Vous écrivez :
Ce petit insecte est indispensable et s’il venait à disparaître, cela serait le premier pas vers l’extinction de nombreuses espèces végétales et par conséquent animales et humaines.
Pensez-vous qu’il existe des espèces humaines ?
Est-ce une erreur de plume ?
Il reste qu’une fois votre inquiétude ramenée à la seule espèce humaine qui existe, la faute du gouvernement, dont vous pointez l’incurie, paraît infinie, puisque, à vous suivre, c’est l’avenir de l’Humanité qui se joue ici. Si c’est le cas, comment qualifieriez-vous l’attitude adoptée par les législateurs que vous êtes face à un danger aussi funeste ?
Pourriez-vous nous expliquer comment ce type de texte est conçu ? Vous attendiez-vous à être lus attentivement ? N’y a-t-il pas une forme de mépris à l’égard les citoyens que vous représentez et de la démocratie que vous incarnez à diffuser une tribune telle que la vôtre ?
Dans l’attente de pouvoir vous lire, je vous prie d’agréer, mesdames et messieurs les députés, l’expression de mes salutations dévouées.
Sebastián Nowenstein,
professeur agrégé.