Je remercie Jean-Baptiste Legavre, qui me transmet deux de ses articles et autorise leur reprise ici. Certaines des pratiques que décrit Le Monde, confrontées à celles décrites par l’auteur, en ressortent encore plus étonnantes, plus étranges, plus baroques surtout. Lancer par mégaphonie à une centaine de journalistes de la presse française et étrangère réunis pour écouter le Président « Tout cela est off » conduit à se demander si on ne change pas de paradigme et, également, à se demander dans quelle mesure le off d’aujourd’hui relève des mêmes analyses que celui des années d’avant la présidence Macron.
Off the record. Mode d’emploi d’un instrument de coordination.
Off the record. Nouvelles approches.
À Bruxelles, le 18 février 2023
Bonjour Monsieur,
Enseignant dans le supérieur et dans le secondaire, je travaille sur le off en politique en prenant appui sur un article récent du Monde (Le off, chronique d’une dérive politique) et sur une polémique qui est venue l’illustrer, celle du déjeuner du président, appelons-la ainsi, auquel furent invités des éditorialistes connus dans des conditions particulières de confidentialité. Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large (Retour sur l’info) qui vise à revenir sur des informations que le flux médiatique noie après leur diffusion.
Je vous écris, car je viens de lire votre article Communication et journalisme : ombres portées, ombres croisées et j’aimerais, d’une part, part, vous soumettre un certain nombre de questions et, d’autre part, vous demander si vous accepteriez d’échanger avec mes étudiants sur la problématique du off.
Les questions que je prends la liberté de vous transmettre, je les adresse à des journalistes et à leurs syndicats, ainsi qu’à des chercheurs comme vous. Je cherche à mettre à la disposition de mes élèves les positions des uns et des autres, ainsi qu’à faire naître une discussion rationnelle qui viendrait se substituer à la polémique. Il est dans nos missions d’enseignants de transmettre à nos élèves et étudiants le goût de la discussion rationnelle et de montrer son importance dans la vie démocratique, mais réfléchir aux conditions qui permettent l’émergence de ce mode de délibération me paraît non moins important. L’École peut-elle, par les exigences de rationalité qu’elle pose à l’égard de ceux qui s’expriment au bénéfice de ses élèves, susciter un espace public de discussion où la rationalité prévaut sur la polémique ?
Je serais très curieux de savoir aussi comment des étudiants qui se destinent au journalisme réagissent aux questions que je vous soumets. Il me semble que, comparées à celles de ceux qui se destinent à la communication, leurs réponses permettraient de compléter utilement les recherches que vous avez conduites sur la perception que les deux groupes et leurs membres ont de la frontière entre journalisme et communication.
Bien cordialement,
S. Nowenstein,
Professeur agrégé.
PS : Cette lettre est ouverte, car je souhaite que le processus de mise en place du projet que je porte le soit aussi. Je m’y sens autorisé dans la mesure où je m’inscris dans l’espace public de discussion que créent vos articles cités plus haut.