À Timburbrou, les élèves ne sont pas toujours sages et les professeurs ne sont pas toujours satisfaits de la façon dont les cours se déroulent. Il y a eu plusieurs propositions pour faire face à cette situation, qui suscitait de la frustration chez les enseignants et une forme de démobilisation chez les élèves. L’une de ces propositions consistait à inciter les élèves à modifier leurs souvenirs et à substituer au cours réel, celui, idéal, que l’enseignant avait imaginé. Le courrier qu’on trouvera plus bas, récemment découvert par nos scrutateurs, semble illustrer cette démarche : un enseignant transmet à ces élèves le scénario de cours qui doit remplacer dans le souvenir des élèves celui qui a eu véritablement lieu. On ne sait pas très bien comment on procédait, mais on pense que les élèves jouaient le cours avec un niveau toujours croissant de conviction et que cette feintise répétée finissait par installer le souvenir du cours idéal dans leur esprit.
Nous comprenons que cette opération était parfois d’une durée plusieurs fois supérieure à celle du cours. Nous disposons de courriers d’élèves ou de leurs parents qui s’en plaignent. Il semble toutefois que, très vite, la concentration des élèves s’améliora et que les cours réels commencèrent à ressembler de plus en plus aux cours idéaux. Il n’est pas interdit de penser que les élèves aient trouvé une motivation forte dans le fait de vouloir éviter les répétitions épuisantes du cours idéal lorsque ce dernier n’advenait pas spontanément.
Voici le courrier :
Timburbrou, le 17 mars 2035.
Chères et chers élèves,
Notre dernier cours a été perturbé par un vol de chauve-souris. Leurs cris perçants nous ont dérangés, mais nous avons su garder notre concentration. Je vous en félicite.
J’ai toutefois dû mettre un élève en retenue, qui a voulu tuer l’un de nos visiteurs en le visant avec une gomme. La chauve-souris a évité le projectile avec grâce et elle est venue virevolter autour de la tête de son agresseur, ce qui vous a amusés. Je vous rappelle que la chauve-souris est une espèce protégée.
Nous avons évoqué la diphtongaison, lorsque nous avons remarqué que, dans le mot puerta le « o » latin est devenu « ue », alors que ce n’est pas le cas dans le mot portazo. Nous avons aussi mentionné les mots puerto ou puerco, qui présentent la même transformation.
Nous avons rappelé aussi la conjugaison du présent de l’indicatif du verbe poder : puedo, puedes, puede, podemos, podéis, pueden.
Je vous ai dit qu’il était important de retenir ceci : la diphtongaison n’intervient que si la voyelle est accentuée. Je vous l’ai montré en exagérant la prononciation. Nous avons ainsi opposé pueeeerta et portaaaazo, pueeeedo et podeeemos.
Nous avons constaté que le verbe soler, dont nous avons rappelé le sens, avoir l’habitude de…, diphtongue aussi.
Je reproduis ci-après quelques fragments de notre cours. Nous allons les mettre en scène. Si, dans votre souvenir, le cours ne s’est pas véritablement déroulé comme je le décris, vous voudrez bien lui en substituer un autre, qui contiendra les fragments reproduits plus bas.
***
Diptongación
Hassan: ¿Qué significa portazo?
Fernando: Portazo viene de puerta.
Ana: Dar un portazo es cerrar una puerta con violencia.
Hassan: Aahh. Gracias, Ana.
Ana: De nada, Hassan.
Profesor: Sí, Ana tiene razón, portazo viene de puerta. La “o” que existía en latín se ha transformado en “ue”. Es un fenómeno llamado diptongación. Vosotros lo habéis visto sobre todo en los verbos. ¿Quién puede identificar una diptongación en el texto que acabamos de leer?
Farkah: Soler.
Profesor: Exacto. Soler es un verbo que diptonga. ¿Lo puedes conjugar, Farah?
Farkah: Sí, claro: suelo, sueles, suele, solemos, soléis, suelen.
Profesor: Perfecto. ¿Y por qué la diptongación aparece en algunos casos y en otros no?
Farkah: Porque la diptongación solo se produce en las tres primeras personas del singular y en la tercera del plural.
Profesor: Muy bien, Farah. Pero, en realidad, lo que tú has hecho es darnos la regla que describe el fenómeno, sin decirnos por qué pasa lo que pasa: por el momento seguimos sin saber por qué es así.
(…)
Profesor: Sueeeeelo, sueeeeeles, sueeeeele, solemos, soléis, sueeeeelen.
(…)
Profesor: Pueeeedo, pueeeedes, pueeeede, podemos, podéis, pueeeden.
(…): Pueeeerta, portaaaazo.
Profesor: La diptongación solo se produce cuando la vocal está acentuada. Si el acento se sitúa en otra vocal, no hay diptongación.
Malika: ¿Y por qué es así? ¿Por qué los españoles han transformado la “o” en “ue”?
Fred: … y la “e” en “ie”…
Profesor: No sé. Es un fenómeno que se ha producido durante la evolución de la lengua, pero que es difícil explicar.
Profesor: También existe en francés, pero menos. ¿Se os ocurre algún ejemplo?
(…)
Profesor: Arthur, ¿puedes conjugar en francés “tenir”?
Arthur: je tiens, tu tiens, ah, es verdad : nous tenons.
Profesor: ¿Otro ejemplo?
María: Venir…
Profesor: Exacto, exacto.
…
Tarea
Os recuerdo nuestro resumen de la historia de Juan Darién:
En Juan Darién, tenemos a un tigre que se crio y educó entre los hombres. Tenía aspecto de hombre y llevaba pantalón y camisa. No era muy inteligente, pero estudiaba mucho. Era el primer alumno de la escuela. No era amado. Cuando tenía 10 años, su madre murió. »
Os propongo imaginar que Juan Darién no es un tigre, sino un murciélago. ¿Cómo cambia la historia? He de deciros que, en el relato de Horacio Quiroga, un insprector fuerza a Juan Darién a revelar su naturaleza de tigre y que todo el pueblo lo persigue y lo acosa. Juan Darién termina refugiandose en la selva para vivir con sus hermanos tigres.