Tata de Chasselay et la diffusion d’une fausse information par le ministère des Armées : ce dernier n’a pas détrompé les élèves.

L’Éducation nationale reconnaît n’avoir reçu aucun document l’informant que l’identification par des tests génétiques des tirailleurs supposément enterrés au tata sénégalais de Chasselay n’a jamais existé. Le ministère des Armées avait diffusé une fausse information sur le sujet à l’occasion d’un acte solennel pendant lequel des élèves avaient rendu hommage aux tirailleurs sénégalais assassinés par les Allemands en juin 1940. Cette reconnaissance par le ministère de l’Éducation nationale me permet de me désister de mon instance par le courrier ci-après, que j’adresse au tribunal.

Le 27 janvier 2022, s’exprimant devant des élèves réunis au tata sénégalais de Chasselay, la ministre Darrieussecq disait :

Nous en sommes tous conscients, la reconnaissance individuelle, personnalisée commence par un nom et un prénom. 

https://www.vie-publique.fr/discours/283557-genevieve-darrieussecq-27012022-hommage-aux-tirailleurs-senegalais

À l’effet d’appeler l’attention des médias sur l’hommage rendu par la madame Darrieussecq, le ministère des Armées diffusait le 26 janvier 2022 une Note aux rédactions contenant l’information fausse selon laquelle 25 tirailleurs sénégalais tués au service de la France par l’armée allemande avaient été identifiés au moyen de ces recherches génétiques :

Identifiés grâce à des recherches génétiques, ces 25 soldats sont le symbole du courage et de l’abnégation de ce 25e régiment de tirailleurs qui, les 19 et 20 juin 1940, s’est illustré par sa bravoure dans la bataille des Alpes, repoussant l’envahisseur nazi. 

genevieve-darrieussecq-ministre-deleguee-aupres-de-la-ministre-des-armees-chargee-de-la-memoire-et-des-anciens-combattants-a-chasselay-rhone

Le ministère des Armées a reconnu que ces recherches génétiques n’existent pas et a plaidé l’erreur :

« Il s’avère, en effet, que le communiqué de presse ayant entouré le déplacement de Mme Darrieussecq à Chasselay en janvier dernier et qui laisse entendre que ces vingt-cinq combattants ont pu être identifiés “grâce à des recherches génétiques”, était malheureusement erroné. » 

senegalais-le-ministere-des-armees-invente-des-recherches-genetiques

Il l’a fait dans le cadre d’un mémoire en défense par lequel il affirmait être dans l’impossibilité de communiquer à l’historienne Armelle Mabon les pièces concernant ces prétendues recherches génétiques.

Mais, on l’apprend grâce aux déclarations du ministère de l’Éducation nationale devant votre tribunal, le ministère des Armées s’est dispensé de détromper les élèves et les enseignants qu’il avait induits en erreur.

Estimant que la diffusion d’une fausse information par l’État, surtout auprès d’élèves et dans le cadre d’une activité solennelle qui sollicitait l’engagement émotionnel de ces derniers, n’était pas anodin, j’avais demandé au ministère de l’Éducation nationale communication de tout document par lequel le ministère des Armées l’aurait averti de l’erreur commise.

Plutôt que de m’informer que le document demandé n’existait pas, le ministère de l’Éducation nationale a choisi le silence. Il m’a fallu saisir la CADA, puis votre tribunal. Je ne puis que déplorer une démarche qui a accru inutilement la charge de travail de la justice et empêché la connaissance rapide d’un fait qui ne devait pas être occulté. Je regarde cette démarche comme une instrumentalisation de la procédure judiciaire à des fins dilatoires.

Par la présente, je me désiste de mon instance, qui ne serait pas née si l’administration avait agi avec loyauté et diligence.

Sebastian Nowenstein, professeur agrégé, lycée Gaston Berger, Lille.

https://sebastiannowenstein.org/wp-content/uploads/2025/02/Desistement-dinstance-requete-2310214.pdf