Affaire Sandoval. Lettre au professeur Witkowski.

On peut consulter la réponse de monsieur Witkowski à l’adresse https://sebastiannowenstein.org/2020/01/07/la-reponse-de-monsieur-witkowski/

Comme on pourra le constater, monsieur Witkowski pose deux questions d’un intérêt certain :

1/ Pourquoi, pour quels motifs et par qui la naturalisation française a été accordée à Mario Sandoval ?

2 / Mario Sandoval a-t-il pu bénéficier d’appuis, au sein de l’appareil d’Etat et si oui, lesquels, pour lui permettre de poursuivre ses activités au cours de ces années, au milieu des années 2000 ?

Je remercie monsieur Witkowski vivement pour sa réponse.

Monsieur le Professeur Witkowski,

Enseignant dans le secondaire, j’enquête sur l’affaire Sandoval, du nom cet ancien policier argentin qui fut votre collègue à l’IHEAL et que la France vient d’extrader vers son pays d’origine, où il est poursuivi pour crimes contre l’humanité. Selon Le Monde diplomatique, en parallèle avec ses activités d’enseignement, monsieur Sandoval était le conseiller politique des Autodéfenses unies de Colombie (Autodefensas Unidas de Colombia, AUC), un groupe terroriste d’extrême-droite responsable, selon les Nations Unies, de 80 % des victimes civiles du conflit qui a ravagé la Colombie.

Le but de mon enquête est de comprendre comment Mario Sandoval est parvenu à occuper en France les positions qui furent les siennes en dépit de son passé et de ses activités. Ces questions sont très proches de celles que votre collègue Denis Merklen pose dans le site de votre institut :

Comment cela a été possible ? De quels appuis individuels ou de quels réseaux un tortionnaire de la dictature argentine, qui s’installe en France dès le milieu des années 1980, a-t-il pu bénéficier pour obtenir des charges de cours dans de nombreuses institutions privées et publiques ? Comment expliquer qu’il puisse se retrouver au plus près des arcanes du pouvoir au milieu des années 2000, alors que son identité et son action étaient à l’époque connues ?

Mais il s’agira aussi de répertorier les réactions de ceux qui ont côtoyé cet homme après la découverte de ses activités au service du régime militaire argentin ainsi que celles des institutions ou organisations qui l’ont accueilli en son sein.

Les actes de cette enquête sont publics. Cette lettre est publiée à l’adresse kkk. Votre réponse, si elle me parvient, sera publiée sur le même site.

Voici les informations dont je dispose actuellement en ce qui concerne Mario Sandoval et vous :

M. Sandoval et vous avez été collègues à l’IHEAL.

Vous avez participé ensemble, en juin 2006, au colloque France et Amérique Latine : concurrence et coopération ?, organisé par l’Assemblée française des Chambres de Commerce et d’Industrie, dont vous étiez à l’époque le Directeur des Affaires européennes.

Dans la Gazette de l’IHEAL, vous avez fait l’éloge de la contribution de monsieur Sandoval en ces termes :

Alliances et rapports de force, interdépendance économique et souveraineté nationale, stratégies de guerre économique et accès au savoir, rôle des Académies militaires et des officines privées : en dressant un panorama de l’état des lieux en matière d’intelligence économique en Amérique latine, M. Mario Sandoval, chargé d’enseignement des universités et qui a été l’homme-orchestre de ce colloque aux côtés de Philippe Clerc a démontré les similitudes avec les autres systèmes existants.

Vous n’avez pas signé la lettre de vos collègues de l’IHEAL qui déplorait le fait que monsieur Sandoval ait enseigné dans votre institution et ne vous êtes pas exprimé publiquement sur cette affaire, ni à titre personnel ni en tant que président du conseil de gestion de l’IHEAL.

Ces informations sont-elles exactes, monsieur Witkowski ?

Auriez-vous l’amabilité, monsieur le professeur, de répondre aux questions ci-après ? :

Monsieur Sandoval et l’IHEAL

Quand avez-vous fait la connaissance de monsieur Sandoval ?

Quand avez-vous eu un échange avec lui pour la dernière fois ?

Quand avez-vous découvert que monsieur Sandoval était accusé d’avoir fait partie de l’appareil de répression de la dictature argentine ?

Quand avez-vous pris connaissance des activités de conseil de monsieur Sandoval auprès des Autodefensas Unidas de Colombia ?

Quelle était la nature du travail de monsieur Sandoval au sein de l’IHEAL ?

Collaboriez-vous avec monsieur Sandoval au sein de l’IHEAL ?

Quelles étaient les relations entre monsieur Sandoval et la direction de l’école, entre monsieur Sandoval et son directeur, monsieur Blanquer, en particulier ?

Dès sa prise de fonctions à la tête de l’IHEAL, poste auquel elle a succédé à monsieur Blanquer, madame Zagefka a suspendu le financement d’un colloque organisé par monsieur Sandoval en raison du manque de scientificité de ce colloque. Madame Zagefka a également décidé de ne pas reconduire monsieur Sandoval dans ses fonctions. Avez-vous été consulté par la directrice au sujet de ces deux décisions qu’elle a prise ? Avez-vous approuvé ou désapprouvé ces décisions ?

Y a-t-il un lien entre le colloque dont le financement a été supprimé par madame Zagefka et celui dont vous faites la synthèse ?

La lettre de vos collègues déplorant que monsieur Sandoval ait enseigné à l’IHEAL ne porte pas votre signature. Pourquoi ?

Que diriez-vous aujourd’hui à un ancien étudiant de l’IHEAL qui aurait suivi l’enseignement de monsieur Sandoval ?

Concernant le colloque France et Amérique Latine : concurrence et coopération ?

Qui est à l’origine de ce colloque ?

Quelles étaient les compétences de monsieur Sandoval qui le rendaient apte à y participer ?

La lecture du blog de monsieur Sandoval donne une impression de grande médiocrité. Les fautes de langue ou d’orthographe y sont abondantes et le fond paraît inexistant. Pouvez-vous citer un travail de monsieur Sandoval dont vous estimeriez qu’il serait de qualité ?

Considérez-vous que monsieur Sandoval soit un expert de quelque-chose ? Si oui, de quoi ?

La façon élogieuse dont vous avez décrit la prestation de monsieur Sandoval reflétait-elle votre pensée, ou s’est-il agi de propos de circonstances dictés par des considérations autres que la volonté de rendre-compte de façon fidèle des travaux de ce colloque ?

Pouvez-vous me renseigner sur la nature des relations entre Mario Sandoval ?

Quelle est la nature de votre collaboration avec monsieur Philippe Clerc ?

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, monsieur le professeur, l’expression de mes salutations respectueuses.

S. Nowenstein

professeur agrégé.

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