Très vite, ce matin, avant de partir au lycée :
La photo de la série Le regard oblique de Doisneau de l’homme dont l’attention est attirée par un tableau érotique est posée : dans l’exposition consacrée au photographe que j’ai vue hier on voit une autre photo du monsieur, qui m’a paru être le sculpteur espagnol Mateo Hernández :
Je ma suis dit que la rhétorique de ce qu’on a appelé la photographie humaniste avait rendu difficile de percevoir ce genre d’évidence.
Ximo Company, est professeur d’histoire de l’art et redécouvre Vélasquez : il regarde sa peinture avec des yeux nouveaux et fait fi de son érudition :
Simplificando: Company, de 64 años, aboga por “prescindir de lo que uno cree saber” y mirar, contemplar, dejarse llevar por el gozo estético de la magistral indefinición de pintura que sugiere el movimiento de los dedos de las hilanderas, de la apenas una gota que contiene la tristeza de un perrito faldero y de la monarquía española del siglo XVII, del pincel que acaricia la sedosa piel de La venus del espejo o del óleo que parece exudar el calor estival que se refleja en el rostro aceitoso de Juan de Pareja.
Source : https://elpais.com/cultura/2018/01/06/actualidad/1515237268_378202.html
Peut-on regarder la photographie humaniste de la même manière ? Ou est-elle indissociable du fatras romantique du photographe inspiré, des moments de grâce et du coup d’œil unique ?
J’ai beaucoup travaillé sur Antonio Pastor Martínez, un vieillard qui racontait une histoire invraisemblable de déportation, laquelle histoire fut reçue avec une avidité et une dévotion stupéfiantes par la société espagnole. Sans rien savoir de ce qui, dans son for intérieur, conduisit cet homme à raconter une histoire fausse, j’en suis venu à supposer qu’il s’est agi d’une forme de sénilité. Les responsables de l’imposture sont ceux qui l’ont relayée, ai-je conclu, non celui qui l’inventa. Je prévois de confronter le cas d’Antonio Pastor Martínez avec celui de Jordi Solé Tura (1930-2009), homme politique catalan et espagnol dont je ne résumerai pas ici l’importance historique et dont les travaux sur le nationalisme catalan sont encore lus et brandis par indépendantistes et anti-indépendantistes. JST perdit la mémoire à cause de la maladie d’Alzheimer. Une partie de la thérapie impliquait de faire l’effort de se souvenir, ce qui devait avoir pour effet de ralentir la perte de mémoire et la progression du mal. Le fils de JST fit un film de cet effort et de cette perte, qui est ici : Budapest,
La photo de Doisneau et le cas d’APM posent une question commune : celle d’un récit dont on ne veut pas se départir malgré les évidences qui le contredisent.
Les cas de APM (tel que perçu par moi) et JST posent la question de ce qui advient des mémoires défaillantes ou qui cessent d’être autonomes. J’ai l’impression que l’on n’accorde pas assez d’importance aux récits mi-vrais, mi-faux qui pourraient structurer le fait social ou la société.
J’en reste là pour le moment.
Seba.
PS : Voici l’échange que j’ai eu avec l’Atelier Doisneau. On m’explique que deux photos de la série sont posées, mais que ce n’est pas le cas de celle qui m’a paru telle :
sebastian nowenstein <sebastian.nowenstein@gmail.com>
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13 janv. (Il y a 3 jours)
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Mesdames,
En visitant l’exposition sur Robert Doisneau qui se tient en ce moment au musée d’Ixelles, en Belgique, j’ai pu constater la forte ressemblance entre le monsieur qui, dans Le regard oblique, observe le tableau érotique sur sa droite et le sculpteur espagnol Mateo Hernández, que votre père a également photographié, ce qui me conduit à penser que toute la série est posée. Auriez-vous des informations sur la question ?
Je suis enseignant en France et travaille en ce moment sur la photographie humaniste française.
Bien à vous,
Sebastián Nowenstein
http://sebastiannowenstein.blog.lemonde.fr/
Bonjour,La photographie « Le regard oblique » qui est exposée actuellement à Ixelles fait partie d’une série réalisée par Robert Doisneau en 1948 dans la galerie de Romi, rue de Seine dont son ami Robert Giraud assurait régulièrement la permanence.Dans cette série, titrée « La vitrine de Romi » toutes les photos ont été réalisées sur le vif comme l’indique le petit texte que je vous mets en PJ.Robert Giraud avait remarqué que le tableau de Wagner suscitait la curiosité photo jointe!) et en avait parlé à son ami qui avait eu l’idée de cette « caméra cachée » en s’installant pour la journée à l’intérieur de la galerie.2 photos de cette série échappent toutefois à cette règle et ont effectivement été posées.La 16018 où Romi lui-même se cache derrière une plante verte et la 16164 où le beau-frère de Robert Doisneau ( qui était effectivement agent de police) a joué les modèles d’un jour.Le couple du « Regard oblique » est tout à fait anonyme.Mateo Hernandez est bien présent à Ixelles dans la galerie du premier étage mais pas au rez-de chaussée!Bonne journée,Francine Deroudille
Atelier Robert Doisneau
46 place Jules Ferry
92120 Montrouge
<http://www.robert-doisneau.com>
sebastian nowenstein <sebastian.nowenstein@gmail.com>
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11:34 (Il y a 0 minute)
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